Baisses de loyers, fiction ou vérité

Contribution

Par Salomon Mbutcho

Loger les africains a toujours été un énorme challenge pour tous les leaders politiques et présidents Africains. Mais jusqu’à preuve du contraire, aucun leader politique africain ou président n’a complètement réussi à franchir le seuil de l’autosuffisance en logements sociaux pour le moment. Le font ils exprès ou ont-ils réellement du mal à le franchir ? Beaucoup de rumeurs et de supputations se font quant à ces décisions à travers le continent, mais à voir leurs allures, on se rend compte qu’ils préfèrent tous essayer, quitte à échouer, que de mourir sans avoir rien fait, du moins c’est l’impression qu’ils donnent tous.

Certes beaucoup d’africains ont été tentés et pris au piège par des fantasmes de baisses ou homologation de loyers proposés par des leaders politiques en mal de votes, décisions plus politiques que réelles, plus fantasques que pragmatiques. Certains conseillers de nos Présidents les ont laissés souvent apparaitre comme des amateurs et opposants aux lois mêmes qui régissent le domaine et le paramétrage lui-même de l’immobilier, ainsi que les normes qui permettent à chaque institution financière ou para financière africaine ou internationale d’évaluer la valeur d’un immeuble ou de son mètre carré bati, les surfaces corrigées.

Je ne suis et ne peux me prétendre dans aucune position pour prendre des décisions à la place des leaders politiques africains, mais force est de reconnaitre que la baisse ou homologation des loyers n’est qu’un dilatoire politique, et un système qui a frustré bon nombre de propriétaires qui comptaient sur leurs revenus mensuels pour faire face à leurs retraites, le veuvage, les études des enfants et biens d’autres circonstances à charges incompressibles. Le fait que ces décisions soient prisent sans nécessité de recours à la surface corrigée a ouvert la porte à la surenchère et à la revanche des propriétaires contre les locataires :

–       La surface corrigée est l’outil de fonctionnement qui permettrait à chaque propriétaire d’imposer son loyer par rapport à sa surface disponible et par rapport à son quartier et bien d’autres critères. La spécificité de ce système presque algorithmique par le fait que chaque immeuble est unique,  fait l’efficacité dont profitent les impôts et domaines, puis toutes les institutions financières et para financières des pays africains.

La surenchère est créée par le fait que chaque propriétaire qui, s’étant senti lésé par de telles mesures, invite dorénavant plusieurs clients à la fois, à venir visiter le même appartement ou villa, à la même date, et à la même heure, et au bout du rouleau le meilleur offrant l’emporte. En réalité, chacun ne doit faire que ce qu’il connait, la politique ne doit pas, sauf cas sérieux, se mêler des affaires d’immobilier. La plupart des pays d’Afrique jusque-là étaient reconnus comme des pays capitalistes et de libres entreprises, et le capitalisme est un « écosystème économique » qui se gère tout seul et qui ne s’épanouie que dans son autonomie. Tout ce qui sera déplacé de force, reviendra à sa place normale en un temps record et de force. Les loyers sont en train de revenir en hausse tous seuls partout où ces formes de décisions ont été prises sans corrélation à la surface corrigée.

La revanche du propriétaire se fait dans le sens où il aurait désormais beaucoup plus tendance à moins tolérer les moindres erreurs ou les retards de loyers que connaissent souvent certains africains. Les mesures d’éviction étant prises de manières plus systématiques, les propriétaires remplacent souvent les locataires par des nouveaux à qui ils imposent un loyer beaucoup plus élevé. En un rien de temps tous les locataires de l’immeuble ont été remplacés par des nouveaux qui sont prêts à tout pour y loger. Le problème reste aussi entier qu’une banane avec sa peau.

Il faut que nous, en tant qu’africains, scrutions sincèrement notre honnêteté intellectuelle et réalisions rapidement qu’étant donné qu’aucun état africain à part la Lybie, n’a jamais subventionné, co-signé l’emprunt, ni cotisé pendant les constructions d’un tierce citoyen, il n’a selon mon humble avis aucun droit de lui imposer ou d’homologuer les montants de ses loyers dans la forme ou en barèmes. Ces décisions sont des pertes de temps, d’énergie et sont plus de l’ordre de la diversion que du développement réel. La seule solution est de promouvoir activement et de manière très effective, la facilité d’accès aux agréments nationaux puis finalement aux documents administratifs des propriétés et aux autorisations de lotir et construire, dont les retards sont les premières causes d’échec des promoteurs immobiliers.

Une fois tous les paramètres de crédibilité, de faisabilité et de rentabilité mis en place, la chaine de production, composée par les promoteurs immobiliers, les agents immobiliers, les courtiers de l’immobilier, les institutions financières, les producteurs d’intrants (ciments, fers, béton, etc..), les compagnies nationales des eaux, des électricités et des assainissements, finira par s’huiler et s’accélérer au fil du temps. Toute chose, bonne et durable, nécessite un temps spécifique de mise en place. Alors frères et sœurs d’Afrique, arrêtons de parler et de faire des colloques et journées de réflexions à n’en pas finir, et mettons-nous au travail. Paris ne s’est pas fait en une journée.

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