Alla Dieng, Directeur exécutif de Unacois Yessal: «On aurait souhaité que Macky fasse mieux que le roi Mohammed VI»

Eco-Finance

Pensez-vous que l’Etat défend assez les nationaux face à la concurrence étrangère?

Alla DIENG: L’Etat défend mal le secteur privé. Je donne un seul exemple en Afrique: regardez ce que fait le roi Mohammed VI avec son secteur privé. Quelqu’un ironisait en disant que quand il se déplace, même dans la soute de son avion il y a des hommes d’affaires Marocains. Cela veut dire que le premier agent commercial du produit marocain c’est le roi.

Est-ce que Macky fait ça ? Je fais partie de ses alliés, mais même pour le PSE1, la totalité des marchés est affectée aux entreprises étrangères qui sous-traitent la portion congrue à des entreprises sénégalaises. Alors que le contraire pouvait se faire, c’est-à-dire que les gros marchés pouvaient être gagnés par des nationaux qui vont chercher la technologie ailleurs.

En ce moment, j’ai un projet d’une centrale à gaz, j’ai traite avec des Chinois, l’étude est faite, le président de la République a donné son avis favorable. Pour dire que c’est une obligation pour l’Etat de soutenir le secteur privé national, surtout pour ce qui concerne le PSE2. Le président l’avait promis à Paris en disant que dans son exécution le secteur privé sera au cœur. On attend de voir.

Mais on aurait souhaité que Macky Sall fasse mieux que Mohammed VI. Maintenant le Maroc est conquérant, il frappe à la porte de la Cedeao. La Zleca constitue un marché intéressant pour les 54 pays africains, mais si l’Etat ne nous appuie pas, on va mordre la poussière face aux mastodontes africains qui viendront au Sénégal. Le secteur privé est soutenu par Macky Sall, mais pas assez.

Le Chef de l’Etat argue souvent le défaut de technologie et d’argent  des nationaux pour l’exécution des travaux.

Il a raison sur ce domaine, parce que nous sommes un pays sous-développé. Peu de banques nous accompagnent, le transfert de technologie doit venir de l’occident, mais c’est une raison de plus d’appuyer le secteur national. On peut nous accuser à raison parce qu’il y a des entreprises sénégalaises qui ne respectent pas les délais pour la réalisation et la livraison des projets, mais cela est dû souvent au retard dans les décaissements. Mais l’Etat peut donner  des ordres aux banques, mais en principe les hommes d’affaires devaient avoir leurs banques. Il y a eu des tentatives qui n’ont pas réussi. Encore une fois, je demande à Macky Sall d’épauler davantage les hommes d’affaires et les produits sénégalais pour qu’on soit conquérants.

Il y a-t-il des actes qui montrent que Macky Sall vous implique dans le PSE2?

Certes il y a deux actions que je peux saluer : le ministre du Plan et de la Coopération a reçu le privé national pendant un après-midi et il a répété ce que le président avait dit à Paris. Le président lui-même nous a conviés deux fois à Diamniadio pour ce qui concerne le pétrole et le gaz et le dialogue national. Mais le dialogue public-privé devrait être intensifié et permanent.

Du temps de Diouf, le ministre du Commerce recevait chaque mois les hommes d’affaires, le Premier ministre de l’époque, Habib Thiam, les recevait chaque trimestre et Abdou Diouf chaque année. Depuis deux ans, on n’a pas vu le conseil présidentiel sur l’investissement. Ce n’est pas normal. Je pose la question au président de la République ; pourquoi il n y a plus de Cpi parce que c’est un moment de dialogue et même d’osmose parce que chacun sort ragaillardi. Depuis l’ouverture du dialogue national au palais, il n y a pas eu de rencontre entre l’Etat et le secteur privé.

Pourquoi selon vous ?

Le secteur privé est disparate avec plusieurs organisations. Chacun tire la couverture de son côté alors qu’on pouvait parler d’une seule voix. D’ailleurs, le ministre Amadou Hott a demandé au privé de s’organiser. L’Unacois est disposé à travailler avec tous, mais nous avons notre ligne de conduite.

Le privé national se plaint souvent de la dette intérieure, cela ne constitue-t-il pas un frein?

Vous avez parfaitement raison. Souvent l’Etat traîne avant de payer, alors que l’entreprise doit payer ses salariés et ses impôts et d’autres charges. L’Etat paie surement, mais pas rapidement. Cette dette est chiffrée en milliards surtout pour le BTP. Ce n’est pas bon ni pour l’économie ni pour les entreprises qui sont sous perfusion parce qu’il peut casser la dynamique de partenariat entre ces entreprises et l’extérieur.

Source: Walf Quotidien

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