Budget 2024: risques liés à la dette publique et aux garanties

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L’analyse du portefeuille de la dette accumulée au fil des années constitue un exercice primordial dans une démarche d’identification des risques y afférents mais aussi pour définir une trajectoire d’endettement optimale basée sur le compromis coût et risque.

Identification des risques

A fin décembre 2022, l’encours de la dette de l’administration centrale est arrêté à 11 783 milliards FCFA soit 68,2% du PIB pour un plafond communautaire de 70%, soit une progression de 14,4% par rapport au stock à fin 2021 (10 297 milliards FCFA). L’analyse de ce stock suivant les critères de monnaie, de taux d’intérêt (fixe ou variable), de maturité et de résidence est déclinée ci-après. Selon le critère de monnaie de libellé, l’encours de la dette en devises étrangères se chiffre à 8 242 milliards FCFA, soit 70% du portefeuille et celui en FCFA est de 3 541 milliards FCFA, soit 30%. Cette répartition dénote un risque de change relativement élevé même s’il est mitigé par la part de l’Euro estimée à 30% du portefeuille global et 46% de la dette extérieure.

Le service prévisionnel de la dette de 2024 libellé en USD et devises apparentées porte sur près de 686,16 millions USD, soit une hausse de plus de 100 millions USD par rapport à 2023. Cette hausse s’explique par le dénouement de la couverture de change sur les eurobonds de 2014 et 2017. Ce service équivaut à près de 410,86 milliards FCFA (soit 36% du service de la dette extérieure en 2024) sur la base d’un taux USD/FCFA à 598,78.

Ainsi, une hausse de 1% du taux de change de l’USD par rapport au FCFA aura un impact de 4,11 milliards (410,86* 1/100).

Concernant le taux d’intérêt, la dette à taux fixe est de 6 932,19 milliards FCFA, soit 84% et celle à taux variable de 1 309,71 milliards FCFA, soit 16% du stock de la dette extérieure. Le coût global de la dette (calculé sur la base des flux d’intérêts à payer sur l’encours initial de la période) reste contenu dans des proportions acceptables de 3,9%.

Ce coût a été arrêté à 3,5% du stock de la dette, en 2022 Les intérêts prévus (avec les taux du 14 août 2023) au titre de la dette directement libellé en taux variables pour l’année de gestion 2024 ressort à près de 87,44 milliards FCFA.

Ainsi, toute augmentation d’un point de base (1%) des taux de base des intérêts variables (tendance observée en 2023) entraînerait une hausse du service de la dette en 2024 de l’ordre de 0,87 milliards FCFA : 87,44* 1/100.

S’agissant de la maturité, l’encours de la dette extérieure à court terme est arrêté à 252,35 milliards FCFA et celle à moyen et long terme de 7 989,55 milliards FCFA, soit 97% du portefeuille de la dette extérieure. La durée de vie moyenne du portefeuille de la dette est de 8,4 ans, soit 9,9 ans pour la dette extérieure et 4,8 ans pour la dette intérieure.

Le risque de refinancement reflété par cette répartition semble être faible mais non négligeable compte tenu de la situation économique régionale et internationale (resserrement des conditions financières du marché régional, crise Russo-Ukrainienne, inflation…).

Ainsi, le stock de la dette à court terme, arrêté à fin juin 2023 à 333,2 milliards FCFA est composé de Bons du Trésor par Adjudication (BTA) pour 143 milliards FCFA et de prêts commerciaux avec les bailleurs externes pour un montant de 190,2 milliards FCFA. Ces prêts commerciaux sont libellés en euros et indexés sur un taux d’intérêt variable (euribor 6 mois). Si cette dette devait être refinancée aux conditions actuelles (hausse du taux directeur de la BCEAO, hausse de l’euribor), le service annuel à projeter serait de:

-pour les BTA de 1 an (échoit en 2024) : 143*5,63% = 8,05 Mrd FCFA ;

– pour les prêts commerciaux (à 1 an): 190,2*4,07% =7,74 Mrd FCFA. Soit un total d’environ 15,8 milliards FCFA, au titre d’intérêts sur le refinancement de dette à court terme.

Cette rubrique est généralement prise en compte sur la ligne intérêts sur tirages futurs évaluée à environ 30 milliards FCFA par an. Relativement au critère de la résidence, 22% du stock de la dette sont détenus par les résidents, soit 2 591,7 milliards FCFA et 78% par les non-résidents (9 191,3 milliards FCFA). Cette répartition révèle que les déficits antérieurs ont été essentiellement financés par les partenaires externes à l’économie sénégalaise d’où une dépendance économique de l’extérieur.

 

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