Cédéao: demande d’adhésion du Maroc, ce que disent les milieux d’affaires africains

Eco-Finance

Le 24 février dernier, le Maroc adressait une demande officielle à la présidente de la Cédéao pour intégrer l’organisation ouest-africaine. Le royaume chérifien, très offensif économiquement sur le continent, entend ainsi parfaire son intégration régionale après avoir réintégré en janvier dernier l’Union africaine. Mais si la présence économique du Maroc est de plus en plus visible dans les pays membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, des questions se posent quant aux répercussions éventuelles de son entrée au sein de cette communauté économique. La demande du Maroc est diversement accueillie par le monde économique et les milieux d’affaires du continent.

Godefroiy Kokam, entrepreneur dans le domaine de la tôlerie à Yaoundé, a plusieurs rendez-vous d’affaires à Casablanca. Il s’interroge sur la démarche marocaine : « Autant je comprends la démarche pour intégrer l’Union africaine, autant c’est un peu l’étonnement la demande d’intégration au sein de la de la Cédéao. Parce que la Cédéao étant une communauté des États de l’Afrique de l’Ouest, le Maroc étant trop au Nord, peut-être il y a un agenda politique derrière. On attend de voir. »

Pour cet entrepreneur burkinabè actif dans l’import-export de produits agroalimentaires, l’intégration du Maroc au sein de la Cédéao facilitera la logistique dans ses rapports commerciaux avec le Royaume : « quand les produits du Maroc quittent le Maroc, ils passent par le Mali, ils viennent au Burkina Faso ; quand il y a une barrière douanière, ça rend difficiles les affaires. » Ce n’est pas l’avis de Zeinabou Dan Baba, Directrice générale de la CBAO, filiale de la banque marocaine Attijariwafa au Niger : « Sur le plan financier, ils apportent l’expertise, ils nous apportent les capitaux et sur le plan d’échanges industriels, c’est un échange de compétence. Ce qui ne se passe pas avec d’autres continents. Ils installent leurs compétences et c’est fermé, on n’y a pas accès ! »

L’inquiétude de la concurrence des produits marocains

Pourtant, certains redoutent que l’afflux de marchandises marocaines ne déséquilibre l’économie de la zone. Pour cet opérateur privé de haut niveau en Côte d’Ivoire, il faudra veiller à ce que la sous-région ne soit pas lésée : « Il n’y a pas d’intégration à sens unique, l’intégration ne peut se faire que dans les deux sens. Que chacun trouve sa place, que ce soit le Maroc au sein de la Cédéao et la Cédéao au niveau du Maroc. »

Du côté des officiels ivoiriens, c’est sans réserve qu’on accueille le royaume chérifien, quitte à modifier les statuts de la Cédéao. C’est ce que pense Siandou Fofana, ministre ivoirien du Tourisme, en visite au Maroc : « Nul doute que les chefs de l’État ratifieront avec enthousiasme, la Cédéao passerait ainsi 20e bloc le plus riche au monde. »

Un statut privilégié au lieu de l’intégration

Pour d’autres, l’option la plus réaliste consisterait à conférer au Maroc un statut privilégié au sein de la Cédéao. C’est en tout cas l’avis de Ibrahima Cheikh Diong, à la tête d’une société de consulting en communication financière à Dakar : « Je vois très bien que la Cédéao peut nouer des partenariats, avoir des membres qui ne soient pas forcément des membres qui votent, mais des membres qui privilégient le commerce, les relations économiques, les relations d’affaires. » Révision ou pas des statuts, maintien ou non de sa qualité de pays observateur, les chefs d’État statueront sur l’entrée ou non du Maroc en tant qu’État membre de la Cédéao, lors de leur Conférence prévue au mois de juin prochain au Libéria.

Rfi.fr

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