Contestation de l’attribution provisoire de la gestion à Dakar à Suez

Contribution

Numéro 2 mondial de l’eau, le groupe français Suez, attributaire provisoire du marché de l’eau au Sénégal avançait masqué. A travers l’hebdomadaire  Jeune Afrique, on y apprend que Suez a entrepris une reconquête de l’Afrique qui vise le Bénin,  l’Angola et surtout, le Nigeria. Et pas seulement en tant que fournisseur de conseils et constructeur d’usines d’eau mais surtout comme délégataire du service public de l’eau, une activité qu’il n’a encore jamais exercée au sud du Sahara.

A en croire « Jeune Afrique », le directeur général adjoint de Suez chargé des zones Afrique, Moyen-Orient, Inde et Pacifique, M. Bertrand Camus, oppose l’argument selon lequel l’offre de son groupe serait « plus cohérente ».

On croirait entendre un proche collaborateur du ministre Mansour Faye ! Devant le tollé soulevé par l’attribution provisoire de ce marché à centaines de milliards sur 15 ans à une société classée deuxième au niveau de l’offre financière, ce haut fonctionnaire avait argué qu’au-delà de l’argument financer, c’est la « cohérence globale » de l’offre de Suez qui avait emporté l’assentiment de la commission.

De deux choses l’une : on bien l’on considère que les beaux esprits se sont rencontrés ; ou alors, force est de constater qu’à tout le moins on a dû échanger des arguments entre la commission sénégalaise et les dirigeants de Suez !

Une chose est sûre : si ce groupe français remportait en définitive ce premier marché de délégation de service public d’eau en Afrique noire, une jurisprudence aurait été créée en matière de passation de marchés. Il suffirait désormais de brandir l’argument imparable de la « cohérence globale » en lieu et place du « moins disant » ou du mieux disant » pour pouvoir justifier toutes les turpitudes, toutes les magouilles. Et faire gagner qui l’on veut.

L’article de «JA», selon le chroniqueur du journal le Témoin, révèle d’autres choses intéressantes à propos de cet appel d’offres sénégalais. «On apprend en effet que Suez a engagé « plusieurs millions d’euros » (ah bon ?) dans l’appel d’offres avec « plus d’une cinquantaine de collaborateurs qui ont travaillé sur le dossier pendant près de trois ans ».

Outre qu’on se demande où ont bien pu passer ces « millions d’euros » qui ont été dépensés dans la préparation  de cette offre de Suez, on se dit que ce groupe devait être vachement initié pour plancher depuis « près de trois ans » sur un appel d’offres lancé depuis… moins de deux ans. C’est sans doute de la prescience ou alors les gars de Suez ont dû lire dans une boule de cristal que le Sénégal allait lancer un appel d’offres. Car nous sommes sûrs que Mansour Faye ne leur a rien dit !», se demande Mamadou Omar Ndiaye.

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