La centrale électrique de Sendou réclame 40 milliards à Senelec

Eco-Finance

La Compagnie d’électricité du Sénégal (CES) propriétaire de la centrale à charbon de Sendou accuse Senelec de vouloir la couler. Lors d’une visite guidée, hier, la direction de l’entreprise accuse Senelec de refuser de payer 400 mégawatheures d’un coût de 40 milliards de francs.

Inaugurée en grandes pompes par le Chef de l’Etat, la centrale électrique à charbon de Sendou propriété de la CES fait face à d’énormes difficultés financières. Selon Hibba Sabbagh, son administratrice générale, celles-ci découlent du refus de Senelec, son unique client, de payer ses factures. «La centrale est en activité et pourtant Senelec refuse de payer ses factures. Une situation qui a plongé la CES et ses nombreux collaborateurs dans une crise financière sans précédent», dit-elle. Cette dernière qui s’exprimait, hier, après une visite guidée de la centrale à charbon, la plus grande du Sénégal et de l’Afrique avec une production de 125 MW, d’après elle, ajoute qu’ils ont un devoir de démontrer au peuple Sénégalais qu’ils sont en mesure de produire de l’énergie électrique propre pour le Sénégal et de montrer leur beau projet sur lequel ils ont travaillé depuis longtemps.

Malick Seck, responsable financier et administrateur général adjoint de la CES, rappelle que la centrale a démarré en octobre 2018 et à partir de cette date et jusqu’en juillet 2019 elle a fourni à Senelec 400 mille mégawattheures valorisés à 40 milliards de francs qu’elle a vendu aux consommateurs et qu’elle n’a pas encore payé. «Entre juillet et octobre 2019, 17 milliards de facturation non encore payées sont en instance», poursuit Malick Seck. Qui souligne que c’est l’interprétation de la notion de force majeure entre CES et Senelec qui crée peut-être des différences à la facturation.

Mais selon lui, quelque soit les divergences d’interprétation, il y a des montants qui sont dus et acceptés  par la Senelec. «A la date d’aujourd’hui, Senelec n’a pas encore payé un franc», insiste-t-il. Avant d’ajouter : «Depuis le démarrage, sur un dû d’environ 14,5 milliards de francs, Senelec avait remboursé que 13 milliards. Mais la vraie facturation c’est la capacité. Dès que la centrale démarre et qu’on met à la disponible de Senelec les 115 mégawatts et que c’est démontré parce qu’il y a une liaison directe, la CES doit pouvoir facturer cette capacité de 115 mégawatts qui est disponible. C’est ce que nous sommes en train de faire depuis le mois de novembre».

La CES reproche également à Senelec de n’avoir pas mis à sa disposition une lettre de crédit. Car conformément à ce genre de contrat, Senelec devait mettre à leur disposition une lettre de crédit en revolving de 6,5 milliards de francs, un mois après le démarrage de leurs activités, pour leur permet de couvrir toute défaillance de paiement. Et, selon lui, c’est la raison pour laquelle la CES n’a pas la possibilité d’aller tirer l’argent dans les comptes de Senelec. «Si Senelec ne paie pas nous n’avons pas d’autres moyens à actionner pour être payé conformément aux termes du contrat», fait-il savoir.

150 emplois et 165 milliards de francs en jeu

Ce refus de Senelec d’honorer ses engagements est vu comme un volonté de couler la centrale. «La CES est déterminée à mettre un terme à cette campagne visant à anéantir un projet pourtant viable et rentable. Senelec cherche à discréditer la CES en affirmant qu’elle a des problèmes techniques. Mais la centrale de Bargny est fonctionnelle et prête à combler le gap énergétique du Sénégal», affirme Hibba Sabbagh qui en appelle à l’aide du gouvernement pour contraindre Senelec à respecter les termes du contrat. Car d’après elle, le contrat d’achat d’énergie prévoit que la CES fasse appelle à l’Etat qui est le garant des obligations de paiement de Senelec. «Pour un projet de cette envergure les bailleurs de fonds demandent l’appui du gouvernement pour que le projet puisse faire face à ses obligations», dit-elle encore.

L’administrateur général adjoint de la CES affirme que l’attitude de Senelec a un impact sur les finances de l’entreprise. Et à l’en croire, ce sont les actionnaires qui financent pour assurer la continuité de l’exploitation, la maintenance et les salaires des 150 employés.

 La CES fonctionne avec du charbon importé d’Afrique du sud «qui a une faible teneur  en soufre». Elle vend le kilowattheure à Senelec à 56 francs. La CES est détenue à 98% par une société suédoise Nordik Power et 5% par des Sénégalais dont la société immobilière Sgis et Prévoyance assurance. Les investissements sont chiffrés 165 milliards de francs.

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