Le viol, la violence, le Mal et le mal être

Contribution

Mamadou Dara SECK, Professeur de Philosophie

L’histoire du Sénégal est très périodiquement secouée par de tristes révélations souvent fondées sinon saupoudrées de velléités politiques. Depuis Mamadou Dia jusqu’à Khalifa SALL des hommes politiques ont été trainés dans la boue dans l’exercice de leurs fonctions pour des raisons de positionnement. Des transgressions supposées ont été à la base des pauses démocratiques. L’Histoire a blanchi les uns, qui tout en ayant perdu quelques privilèges politiques, ont continué à bénéficier de l’estime de leurs compatriotes. Accablés, et pourtant blanchis par des manœuvres purement politiciennes, d’autres continuent de garder leurs notoriétés, mais perdant tout de même le respect des sénégalais. Ce qu’ils pensent avoir gagné est largement disproportionné à ce qu’ils ont perdu.

A notre connaissance, aucun d’entre eux ne l’a été pour des mœurs défaillantes, et c’est dans l’exercice de leurs fonctions, faut-il le rappeler, qu’ils ont eu des entorses avec la justice. Ils n’ont non pas demandé à être défendus par le peuple qui, comme à chaque fois, est la principale victime des machinations. Un cas différent qui suscite des avis divergents : celui de Ousmane SONKO dont la réputation, jadis ennoblie par des discours reflétant une sainte image d’un homme combattu par le régime en place, vient de recevoir un coup énorme. Ce jeune leader dont l’image vient être peinte en noir, était perçu par des milliers de sénégalais comme un homme intègre, et intelligent à tout point de vue. Il était séduisant tant l’image qu’il montrait, rappeler celle à laquelle le sénégalais correct aspire.

Nous n’accusons ni ne défendons SONKO en attendant que la justice fasse son travail ; nous analysons son comportement, et la portée de son discours ayant conduit aux heurts enregistrés ces jours. Une partie de la population est embarquée dans cette histoire sombre et aux effets dévastateurs. Elle combat une cause qui n’est pas la leur. Logique pour logique chacun doit répondre de ses actes, ici ou dans l’au-delà ; et je pense que si SONKO est conséquent, il en est convaincu. Il n’était donc pas opportun de mobiliser mes compatriotes pour une affaire de mœurs.

Un viol, s’il est avéré, conduit inéluctablement à un châtiment défini en ces termes : un mal infligé par une autorité à une personne qui a accompli ou omis une action jugée comme étant une transgression à la loi. S’il se trouve que cette jeune dame, pour des raisons à déterminer, est responsable de ce cirque, la justice doit sévir. L’ordre public est sacré. En tout cas une chose est évidente, ce désordre doit prendre fin.

Nous avons plus qu’assez des manipulations des hommes politiques qui, pour se défendre contre un régime qu’il juge oppresseur, prend le peuple et la jeunesse en particulier en otage. La faiblesse des hommes politiques est très souvent d’adopter des attitudes victimaires pour susciter la sympathie et la pitance du peuple. Nous sommes sidérés par la torture des évènements. Par la violence engendrée, plusieurs sénégalais ont perdu leurs biens à l’acquisition desquels ni SONKO, ni Cette jeune dame n’ont participé. Des jeunes n’ayant pas la bonne information se sont attaqués à des citoyens honnêtes dont le seul tort est de ne pas prendre parti pour SONKO. Comment peut se permettre de commettre l’injustice en prétendant lutter contre une injustice présumée ? N’est ce pace se créer un autre problème que d’appeler au soulèvement populaire ? En quoi le peuple est-il coupable ?
Doit-on délibérément torpiller la quiétude des sénégalais sous l’autel d’une annonce prise pour une évidence ? Le peuple est certes souverain, mais il a délégué ce pouvoir de décision à ceux à qui il a confiance.

J’accuse cette instrumentalisation de la conscience populaire. Coupable ou innocent il faudra mener les investigations pour le déterminer. Nous ne condamnons pas SONKO. On aurait même pu le soutenir s’il était reconnu coupable, car en réalité l’humain n’est pas parfait. Il faut arrêter de dire des propos du genre «  il n’avait qu’à … ». Nous sommes tous faillibles. Nul n’est trop humain pour se prémunir de tous les obstacles de la vie. Nous lui manifesterons notre solidarité même dans des moments sombres puisque l’homme apprend et grandit de ses erreurs. Nous condamnons avec la dernière énergie le régime actuel si prouvée que se trouve son implication dans cette affaire.

Notre pays va mal et nous nous sentons, comme SONKO dans ces moments, un profond mal être. Au moment où la pandémie décime toutes les couches vulnérables de notre pays, et devrait appeler les citoyens responsables à occuper les artères de toutes les villes, puisqu’il a peur des conséquences un leader politique appelle à s’opposer aux forces de l’ordre.

Combien de fois des étudiants ont été sauvagement tués, et des enseignants indignés sans que ces agissement ne provoquent l’indignation ? Ne nous trompons pas de cible. Notre ennemi est le mal qui sape les bases de notre avancée humaine et économique. Ce mal peut revêtir plusieurs noms : ignorance ou obscurantisme, déviance ou délinquance, fragilisation ou déperdition scolaire et éthique, émigration clandestine ou choisie, etc.
Sénégalais debout ! La politique, telle qu’elle s’exerce chez nous, a fini depuis longtemps de montrer ses limites. Qu’il se nomme SONKO, Idy ou Macky ils ne sont que des politiciens c’est dire des renards qui pour obtenir ce qu’ils veulent, se mettent à flatter le corbeau. Leurs uniques soucis restent la conquête et la gestion du pouvoir, peu importe ce que le peuple en tirera. Ils nous tiennent des discours reluisant aux effets dévastateurs. La patrie avant le parti en réalité est une simple boutade. Machiavel disait en substance que pour bien regarder la plaine, il faut être sur la montagne, et que pour bien dessiner les contours de la montagne il faut être dans la plaine.

Nous ne pouvons comprendre la raison qui fait tomber les manifestants aussi bas. On défend une cause jusqu’au prix de sa vie, si cette dernière est profitable aux humains de façon général. Il existe de nos jours une pléthore de raisons qui aurait pu conduire au soulèvement de toute la population. Et il n’y a pas de pénurie d’hommes de valeur au Sénégal. Il s’agit de vivre sans raison ou mourir pour une cause. Une cause est dite juste si elle est profitable au devenir de nos concitoyens. Une bonne action politique est à l’image d’une encyclopédie. Elle renferme la solution aux maux actuels et nous avertit.

Une action est honorable de la part d’un homme lorsqu’elle lui permet de ne pas mourir avant de mériter le nom du genre humain. Ce qui est sidérant c’est ce qui meurt en eux durant leur pitoyable vie. Laissons les spécialistes de la question régler cette affaire. Le drame de la rue publique repose sur la liberté d’expression non encadrée. Tout le monde est spécialiste de tout, et de rien.

Nous terminons par cette vision politique et sociale. Un Etat qui veut prospérer doit reposer ses actions sur des valeurs dont la seule finalité est l’amélioration de l’humanité du citoyen. Les problèmes de la santé et de l’éducation sont occultés par le régime actuel. Une population malade reflète la mauvaise santé du régime qui détient le sort des citoyens. Tel est un Etat faible qui a des citoyens misérables. On ne peut point prétendre diriger un pays sans tableau de bord. Ce régime pilote notre cher pays aveuglément. Demain quand il s’agira d’élire un Président, il faudra porter notre choix sur les programmes applicables et sur les hommes qui ont, dans le domaine politique, une science, un art et une vertu.

Les accusations portées sur ce régime en disent long sur la condition hautement catastrophique des populations du centre et de la périphérie du pays. Il faut arrêter de se situer sur une perspective de la pérennisation au pouvoir. Si ce n’est pas le peuple, ce sera la mort qui viendra vous y arracher laissant derrière vous une panoplie dégâts et de regrets. L’on parlera certes de vous après, mais en termes qui puent le vomi. Les noms de ceux qui foulent aux pieds les valeurs fondamentales de notre nation seront assimilés aux contres exemples dans la consciences collectives. L’accès à une place dans l’histoire d’un pays et de l’humanité, exige une ascension substantielle menant au royaume du sacrifice de soi et de ses penchants. Que ceux qui aspirent à gouverner ce pays se mettent à l’esprit que le gouvernant est un serviteur et non un chef inamovible.

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