L’hydroxychloroquine : le médicament «miracle» qui fait polémique

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L’efficacité de l’hydroxychloroquine, considéré comme étant le seul médicament à soigner le coronavirus fait polémique. Si le médecin français Raoult et son homologue sénégalais Moussa Seydi le considèrent comme efficace, certains en revanche doutent de son efficacité et mettent en avant ses effets secondaires.

L’efficacité ou l’inefficacité de la très controversée hydroxychloroquine sera connue sera connue dans une semaine. Le professeur Moussa Seydi qu’il a utilisé l’hydroxychloroquine sur une cinquantaine de patients et à l’heure actuelle, il y a «peut-être» une personne qui est guérie. «Mais d’ici une semaine on verra le nombre de patients qui vont s’en sortir», dit-il.

Dans un entretien accordé à Rfi, le professeur Moussa Seydi affirme qu’il constaté que la charge virale baissait beaucoup plus rapidement. «Maintenant, c’est juste un traitement que nous donnons aux malades, après consentement. Nous sommes ici dans une situation pratique, et plus tard, nous allons faire un traitement dans le cadre d’un projet de recherche scientifique, en respectant toutes les normes scientifiques avec l’Institut Pasteur de Dakar», poursuit-il.

La SIPOA, l’usine qui fabriquait ce médicament avait fait faillite, avant d’être racheté par une entreprise tunisienne. Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre de la Santé et de l’action sociale devait rencontrer les repreneurs pour une éventuelle réouverture de l’entreprise et la production du médicament.

Vendredi, le professeur Didier Raoult a diffusé, via son compte Twitter, le texte d’une étude à paraître. Elle est présentée comme une «étude observationnelle», et non comme un essai clinique : l’article vise en effet à décrire l’évolution de la charge virale chez des malades qui reçoivent un traitement donné. En l’occurrence, 80 adultes (77 patients hospitalisés à l’IHU de Marseille et 3 dans une unité Covid-19 temporaire) âgés de 18 à 88 ans (âgé médian : 52 ans), initialement diagnostiqués positifs au Covid-19, puis traité avec une combinaison d’azithromycine et d’hydroxychloroquine.

Si l’évolution de la charge virale des patients est bien décrite, un problème a sauté aux yeux de nombreux commentateurs : cette évolution n’est pas mise en perspective avec celle attendue chez un groupe de patients de mêmes âges et de même état de santé initial, qui ne recevrait pas l’hydroxychloroquine – ce que l’on appelle un «groupe contrôle».

Pourtant, cet élément de comparaison est fondamental. On sait en effet que, dans la majeure partie des cas, une guérison survient de façon spontanée. Les populations jeunes, de même que celles présentant le moins de comorbidités, sont beaucoup moins à risque que les autres.

Non, le groupe contrôle n’est pas «le reste des malades en France»

Si de nombreux internautes ont affirmé qu’il suffisait de comparer l’évolution de ce groupe de patients avec celle «de l’ensemble des malades hospitalisés en France», ceci n’a en fait aucun sens, puisque le profil des deux groupes est différent.

Notons à cet égard que l’IHU propose de faire passer le test d’infection au Covid-19 à tous les volontaires, qui sont nombreux à faire la queue des heures durant devant l’établissement. Des personnes dont l’état général n’est, par définition, pas aussi grave que ceux de personnes hospitalisées en urgence. On peut donc craindre que l’étude observationnelle de Raoult et de ses confrères inclue une proportion élevée de patients plus robustes que la moyenne des malades hospitalisés – et même des porteurs du virus sans aucun symptôme.

Les données publiées le confirment : parmi les patients traités, 53,8% avaient une infection des voies respiratoires inférieures, 41,2% des voies supérieures, et 4% étaient asymptomatiques. Seuls 15% présentaient de la fièvre. Au total, 92% étaient des patients à «risque faible», selon l’évaluation réalisée par les soignants à l’aide de l’indicateur National Early Warning Score (NEWS).

Selon l’étude, 57,5% des participants souffraient d’une autre pathologie associée à un risque de complication. A l’échelle nationale, le chiffre n’est connu que pour les hospitalisations en réanimation (67%) ; dans un pays comme la Belgique, il est de 75%.

Une étude qui ne peut conclure ce qu’elle prétend

Les auteurs de l’étude n’hésitent pas à écrire, «en conclusion» : «Nous confirmons l’efficacité de l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine dans le traitement du Covid-19 et son efficacité potentielle dans la réduction précoce de la contagiosité.» Or, cette conclusion est par définition impossible à formuler avec étude observationnelle : comme on l’a dit, sans comparaison avec un groupe de référence, on ne saurait préjuger de l’évolution de la maladie, sans ce traitement, dans des conditions de prise en charge similaires par ailleurs. Suite à la multiplication des critiques, Didier Raoult a justifié l’absence de «groupe contrôle» par une démarche consistant «à proposer notre protocole à tous les patients ne présentant pas de contre-indication».

Toutefois, le docteur Raoult peut compter sur le soutien de Philippe Doust-Blazy, l’ancien ministre de la Santé française. Ce dernier qui était l’invité de France 24, s’étonne de la polémique sur les effets secondaires du médicament et rappelle qu’il a été utilisé par plus d’un milliard de personnes dans le passé.

Avec Liberation.fr

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