Macky SALL et ses alliés en impasses

Politique

Par Abdoul MBAYE, ancien Premier ministre

En ce mois de Novembre 2020, dans son second mandat et sa neuvième année d’exercice de la magistrature suprême au Sénégal, Macky SALL fait face à de nombreux échecs sans qu’il ne soit possible de lui reconnaître un secteur majeur de sa pratique politicienne ou de sa politique économique et sociale qui pourrait cacher de réels progrès et avancées parce qu’utiles au Peuple.

Autour de lui rien ne semble arrêter les lauriers que lui tressent quelques affidés ou responsables de partis membres de sa coalition. Plutôt que de lui ouvrir les yeux sur la réalité de la situation du Sénégal et des Sénégalais, ils semblent presque soucieux de le laisser dans sa marche résolue vers plusieurs inéluctables impasses. Et ce serait presque pour être sûr de le laisser persévérer dans ses erreurs et mauvais choix qu’ils lui subodorent la possibilité d’un troisième mandat que la Constitution sénégalaise exclue en des termes incontestables.

Quelques-unes de ces impasses sont décrites dans les lignes qui suivent. Le futur dira s’il était mieux d’alerter plutôt que de maintenir un discours sur les réalisations du Prince à la fois dithyrambique et bravant le ridicule.

La croissance globale du Sénégal

Des taux de croissance exceptionnels, étonnants par leur accélération, ne correspondant à aucune amélioration perceptible du niveau de vie des Sénégalais, ont servi de prétexte depuis 2016 pour justifier la qualité de la gouvernance économique globale du régime en place.

Cette belle série statistique s’arrête en 2020 avec une régression économique pour l’instant annoncée à -0,7%. Une rivalité entre ministres crée d’ailleurs une confusion par l’annonce « concurrente » d’une croissance qui pourrait se chiffrer à plus de 2% en raison des inondations survenues.

La pandémie Covid-19 a assurément été un élément aggravant de la pauvreté au Sénégal, mais nous avions tôt fait d’indiquer (en décembre 2019 puis en mars 2020) qu’il fallait avoir le courage d’annoncer une récession économique inéluctable plutôt que de continuer à entretenir l’espoir d’une croissance positive dans la trajectoire des statistiques douteuses publiées au cours de ces dernières années. Les taux de croissance de l’ère Macky Sall étaient en effet prétendument basés sur un rythme de croissance exceptionnel des productions agricoles et un investissement public important.

Le mensonge sur les productions agricoles a rattrapé nos statisticiens politiciens lorsque les records jamais atteints de tonnages d’arachide n’ont malgré tout pas permis aux huileries de disposer de graines en quantité suffisante ; ou lorsque l’autosuffisance en riz annoncée n’a pas entraîné une baisse de leurs importations annuelles. Il ne s’agit là que de quelques exemples choisis.

Face à l’épuisement inéluctable des « sources de croissance de l’économie » sénégalaise et au risque grandissant des conséquences d’un surendettement, le Fond Monétaire International (FMI) fut appelé à la rescousse pour convenir en fin 2019 d’un programme soutenu par l’ICPE (Instrument de Coordination des Politiques Économiques). Nous en écrivions ceci :

« Le FMI est donc satisfait de l’option prise par le Sénégal consistant à privilégier le service de la dette par des mesures d’accroissement de recettes qui contribueront malheureusement à l’éviction du secteur privé national ; pourtant c’est à ce secteur privé qu’il est demandé d’assurer le relais de croissance suite à un secteur public ayant épuisé ses moyens par mauvais choix stratégiques, dépenses excessives et de prestige, endettement déraisonnable.

Dans ce contexte d’un secteur public hors de course, et d’un secteur privé jusqu’à présent atone et qui sera pressurisé, les engagements et mesures annoncés pour maintenir et même relever la croissance à 7% est une véritable illusion. C’est sans doute la raison pour laquelle le communiqué évoque ce taux en s’entourant de précautions par usage du temps conditionnel.

Cependant, même si le FMI a décidé de quitter son uniforme de « gendarme » qui lui seyait à l’époque de l’ajustement structurel, pour le tronquer contre celui « d’accompagnateur », le Sénégal a plus que jamais besoin d’un conseiller capable de restreindre les excès auxquels son Exécutif s’est habitué. Le mal étant fait après plusieurs années de gabegie et d’endettement à tout va, couronnées par une année préélectorale et de « budget social » (pour reprendre les termes utilisés par l’ancien Premier ministre), l’ajustement ne saurait être évité. A « l’accompagnateur » de surveiller au moins le non-retour aux dépenses de luxe et autres gaspillages pendant que la souffrance du peuple s’accroîtra dans l’attente de la promesse pétrolière et gazière. »

Les faits sont ceux d’une croissance qui sera en berne, et d’un déficit accru des finances publiques. Le respect de la cible de 3% du déficit public par rapport au PIB est devenu impossible. Les marges budgétaires pouvant permettre de quitter un taux supérieur à 6% en 2020 n’existent plus : l’augmentation du coût de l’électricité et des produits à la pompe a déjà condamné les gains de productivité nécessaires à une reprise économique. L’augmentation de la charge fiscale imposée aux entreprises et aux ménages est une voie sans issue.

Cependant, prouvant qu’il reste sans solutions réelles, le régime reste toujours enfermé dans ses chimères ; en effet comment interpréter qu’un récent conseil présidentiel puisse adopter un PAP2A Plan d’Actions Prioritaires ajusté et accéléré (PAP2A) avec un financement attendu de 14.712 milliards de FCFA répartis ainsi qu’il suit :

  • 4770 milliards en provenance du secteur privé national,
  • 9942 milliards en provenance des partenaires au développement.

Quand on sait l’état dans lequel se trouve le secteur privé national (cf. supra), et les réserves émises par nos partenaires sur le niveau de l’endettement extérieur du Sénégal, on peut douter de la volonté politique de ce régime de trouver solutions aux problèmes que vivent les sénégalais.

 

L’agriculture

Les productions et rendements des cultures n’ont jamais atteint les niveaux annoncés. Les rendements n’ont pu évoluer dès lors que la démarche engagée en 2012 consistant à revenir à des distributions et ventes de semences certifiées (comme cela était le cas avant l’an 2000) a été brisée pour préserver le système mafieux de graines dites sélectionnées permettant à des opérateurs semenciers choisis d’engranger des marges aux frais de l’État sous forme de subventions.

La production de graines d’arachide s’est donc effondrée malgré des mensonges lourds de conséquences qui attestaient de niveaux de production jamais atteints depuis l’indépendance et qui auraient culminé en 2018 à 1 400 000 tonnes.

Les quantités de riz produites n’ont que très peu augmentées au regard de l’évolution des quantités importées. Le mensonge d’une autosuffisance en riz décrétée pour fin 2017 puis reportée à fin 2018 n’a servi que des objectifs politiciens. Nul ne rappelle les alertes au mensonge à l’époque venues de l’ACT. L’accélération de la marche vers une autosuffisance vient d’être annoncée, mais la prudence dans les propos ne cache ni l’échec, ni le mirage entretenu.

Les professionnels de la pêche se plaignent de pratiques privilégiant des navires étrangers dont les productions ne sont pas débarquées. La croissance de la part de valeur ajoutée locale stagne. Les exportations continuent d’essentiellement concerner le poisson frais.

La mutation de l’élevage vers la stabulation et une croissance des productions de viande est loin d’être effective.

 

L’exploitation des ressources du sous-sol

Ce secteur peut être résumé par l’absence durant les mandats d’une stratégie volontariste de transformation locale, totale ou partielle de nos ressources minières. La recherche de valeur ajoutée par la création d’industries de transformation des matières premières en produits semi-finis ou finis est totalement absente.

En outre les scandales de corruption, tels celui de Petrotim, ont révélé le souci des dirigeants du Sénégal de plutôt à chaque fois privilégier leurs intérêts personnels à ceux de l’État et de la Nation lors des négociations avec les entreprises étrangères auxquelles ils lient notre pays pour de nombreuses décennies.

 

L’industrie

L’industrialisation du Sénégal reste invisible. Elle devait reposer sur des gains de compétitivité qui seraient venus d’un abaissement du coût de l’énergie. En lieu et place, les tarifs d’électricité ont été augmentés, conséquence d’une véritable gabegie subie par la Senelec et d’un ajustement structurel reposant sur des ponctions à opérer sur les revenus des Sénégalais pour obtenir une baisse de la demande intérieure et une réduction du déséquilibre des paiements extérieurs.

 

Le tourisme

Des décisions ont été prises en 2012 en faveur de la société SENDAI (appartenant à l’ancien ministre de Côte d’Ivoire Adama Bictogo, proche du Président Macky Sall) consistant à soumettre l’entrée des touristes au Sénégal à un visa coûteux et reposant sur une procédure difficile. Le tourisme, considéré comme l’une des locomotives de l’économie sénégalaise, s’est très vite effondré. Face à cette catastrophe économique, Macky Sall reconnut son erreur et supprima l’obligation systématique du visa d’entrée plusieurs mois plus tard alors que le mal était déjà fait.

A peine remis de ces décisions irréfléchies, la crise de la Covid-19 fait subir de plein fouet au tourisme sénégalais les effets de la restriction des mobilités au plan national mais surtout international. La crise du tourisme est désormais mondiale. Il est prévu qu’elle dure de nombreuses années.

 

La demande intérieure

La baisse de la demande publique était attendue comme conséquence du surendettement de l’État. Le relais à assurer par le secteur privé était projeté. Au final la demande publique va baisser plus que prévue et le témoin à passer au secteur privé tombera. Ce dernier était déjà trop faible en fin 2019 pour endosser pareille responsabilité. Il l’est encore davantage avec la crise Covid-19.

Les quelques petits points de croissance objective (avant prise en compte du gonflement « illicite » des taux de croissance par statistiques gonflées de l’agriculture et des services) étaient justifiés par la demande et l’investissement public. Avec l’ICPE, il était prévu que le secteur privé prit le relais de l’État comme locomotive de croissance. Malheureusement ce vœu pieux s’avère irréalisable en raison d’une conjonction de facteurs multiples : dégradation de la compétitivité par la hausse du coût des facteurs et en particulier de l’énergie, recherche d’une réduction du déficit public par la hausse des impôts et le harcèlement fiscal dont les entreprises sont les principales victimes, contraction de la demande des ménages par la hausse des prix de l’électricité, du carburant, des droits de douanes etc..

Enfin la Covid-19 a créé un effet complémentaire et aggravant de contraction des revenus et donc de la demande des ménages.

 

La santé

L’échec de la politique de santé a été mis à nu à la faveur de la pandémie Covid-19.

L’important programme d’investissement retenu au cours du mois de septembre dont on se demande comment il pourra être financé, est signe d’un échec patent révélé par des tentatives de correction et de rattrapage.

Il faut espérer que des erreurs d’investissement telles celles qui ont provoqué la démission du Président de l’hôpital Dalal Diam il y a peu pourront être évitées. La réussite reposant également sur la formation et les recrutements adéquats de personnels de santé, il convient d’espérer que ces volets ne seront pas négligés par rapport aux investissements retenus comme nécessaires et urgents pour combler les graves lacunes constatées.

 

L’enseignement

Que dire de l’enseignement au Sénégal sinon qu’aucune évolution notable n’a été remarquée depuis 2012 ? Pourtant cette année avait été marquée par le démarrage de travaux importants et inclusifs ayant abouti à des diagnostics sans complaisance et à des recommandations à mettre en œuvre pour trouver des solutions durables à ses maux récurrents. L’enseignement universitaire d’abord puis celui élémentaire et professionnel ensuite ont été concernés.

Comme souvent, les belles intentions et beaux projets ont été de nouveau enterrés, classés sans suite au profit d’une gestion au jour le jour sans souci du mur contre lequel l’enseignement au Sénégal se heurtera sous très peu.

Les constructions d’universités devant porter la décentralisation universitaire sont toutes en retard parce que jugées non prioritaires par le régime, ou confiées à des entreprises incompétentes mais propriétés d’amis.

 

Les inondations

Au mois de septembre 2020, le Sénégal a sans doute connu l’un des épisodes d’inondations les plus graves jamais notées dans notre pays.

Pourtant le projet d’une solution durable aux problèmes d’inondations des principales villes du Sénégal a été conçu en 2012 prenant la forme d’un Programme Décennal de Lutte contre les Inondations (PDLI). Après un début d’exécution prometteur en 2013, des arbitrages privilégiant les « grands projets » de prestige et sans doute les possibilités de retombées en termes de soutiens divers, ont conduit à l’abandon du PDLI.

Un diagnostic sérieux de la situation en 2020 révélera à n’en point douter non seulement la non-poursuite du PDLI dont une reprise sous forme de phase 2 est annoncée. Mais plus grave, le défaut de maintenance et d’entretien du dispositif qui fut mis en place en 2013, première et unique année de mise en œuvre du PDLI, apparaîtra comme une des raisons principales de la catastrophe vécue en 2020.

L’exemple des inondations est révélateur de l’absence de priorités données à la recherche de solutions aux mauvaises conditions de vie des populations, y compris lorsque des améliorations sont de l’ordre du possible. Le PDLI présentait l’avantage de solutions fortes et durables au problème des inondations mais également au problème du chômage en raison des emplois qu’il créait dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Les arbitrages auront privilégié les grands projets faisant appel à des entreprises étrangères et à de la technologie importée.

 

Les attentes sur le franc CFA

C’est au nom de la Conférence des Chefs d’état de l’UMOA que Alassane D. Ouattara a annoncé en décembre 2018 un passage du franc CFA à l’Eco, nouvelle monnaie de la CEDEAO.

Les évolutions allant dans le sens d’un maintien de la garantie apportée par la France au Franc cfa sans qu’elle ne soit représentée au sein des instances de décision de l’UMOA et sans l’obligation de dépôt de la moitié des réserves de la BCEAO auprès du Trésor français ont certes été mises en œuvre. Elles correspondent à la part d’engagements pris par Emmanuel Macron en décembre 2019.

Il était au moins nécessaire qu’à l’instar d’Emmanuel Macron, les Chefs d’État de la Zone respectent leur engagement pris face à leurs jeunesses et changent la dénomination de la monnaie commune au cours de l’an 2020 comme annoncé.

Les échecs de Macky Sall et de ses pairs en matière de monnaie est le suivant : le franc CFA ne deviendra pas l’Eco en 2020, la garantie de convertibilité continue de correspondre à un leurre de coopération inutile, et le maintien d’un taux de change fixe retarde la préparation d’une entrée dans la future zone d’émission de l’Eco pourtant choisis par eux comme l’objectif.

 

La démocratie et le fonctionnement de l’État

Macky Sall a au moins une raison de se réjouir de l’évolution de la démocratie au Sénégal sous son magistère. Sa gestion de la démocratie a fait de nombreux émules en Afrique de l’Ouest, région du monde où seules les mauvaises pratiques sont imitées avec empressement. A titre d‘exemple, les pratiques démocratiques ayant cours au Cap Vert ne se sont jamais diffusées en Afrique de l’Ouest.

Comme Macky Sall, plusieurs Chefs d’état d’Afrique de l’Ouest ont choisi de manipuler un système judiciaire aux ordres. L’objectif est à chaque fois :

  1. De faire condamner ou emprisonner les leaders politiques concurrents potentiels afin de pouvoir les rayer des listes électorales et les priver d’éligibilité par une procédure automatique elle-même illégale ;
  2. D’éliminer d’autres candidats par un système de parrainage fut-il inapplicable dans les faits ; l’essentiel étant d’organiser la soumission des Conseils et Cours constitutionnels, arbitres de dernier recours ;
  3. De refuser l’application des décisions prises par les instantes judiciaires internationales (notamment la Cour de Justice de la CEDEAO, la Cour Africaine des Droits de l’homme et des peuples) ;

 

Le Département d’État américain le souligne dans son rapport récent consacré au Sénégal.

Le maintien de vieux systèmes de fraude basés sur l’inscription d’électeurs en doublon sur les listes électorales, et la remontée de procès-verbaux de bureaux de vote falsifiés permettent ensuite de déclarer des résultats connus d’avance. Ces derniers sont à chaque fois validés par des missions internationales d’observateurs appréciant le caractère « globalement honnête » du vote qui permet de faire accepter les résultats des élections par la communauté internationale et de demeurer dans une stabilité relative. Cette stabilité ne révèle sa fragilité que remise en cause par des coups de force plutôt que par des élections.

Les récents exemples venus de Cote d’ivoire et de Guinée montrent à suffisance que la CEDEAO devra être repensée dans sa finalité et ses objectifs en redevenant une communauté des peuples plutôt qu’un syndicat de solidarité entre despotes.

Si les acteurs de la justice n’ont jamais autant réclamé leur indépendance que sous le régime de Macky Sall, c’est l’ensemble de l’administration sénégalaise qui a été mise au service de son parti, et dans une faible proportion de ses alliés. La méritocratie a disparu comme moyen d’organiser les avancées et promotions. Seul l’engagement politique en faveur du Président Macky Sall et l’exécution de ses ordres allant dans le sens de sa volonté de disposer de tous les moyens financiers possibles de l’État peuvent donner lieu à récompenses et reconnaissances. L’efficacité de l’administration sénégalaise qui devrait être au service des usagers et citoyens en est donc largement affectée.

 

Il est grand temps de se réveiller ! Grand temps de quitter les discours de forte croissance et autres performances économiques relevant de « super pouvoirs » dont Macky Sall seraient dotés. Reconnaissons qu’il n’a pas transformé le Sénégal en un dragon ou autre lion économique ! Le Sénégal reste une économie faible, peu diversifiée, à la compétitivité plombée. Le Sénégal parvient certes à fabriquer des milliardaires, mais ils sont dans leur grande majorité des fonctionnaires ou membres du dispositif politique, ou entrepreneurs complices bénéficiant de marchés en violation de la loi et de la réglementation sénégalaises, aussi toutes les règles du bon sens économique. Par contre les institutions de Bretton Woods reconnaissent une spécificité à la croissance sénégalaise : elle ne parvient pas à faire reculer la pauvreté, non plus à créer des emplois. Il est donc plus qu’urgent de s’interroger sur ceux auxquels cette croissance profite, et si elle existe réellement.

 

C’est un temps de souffrance qui s’annonce, conséquence d’abord et surtout de mal gouvernance, de gaspillages, de priorités données au traitement politicien de tous les problèmes de notre pauvre Sénégal.

Ce temps ne sera pas interrompu par des solutions politiciennes tel le remaniement annoncé le 1er novembre 2020 dont le souci manifeste est l’élargissement d’une majorité pour étendre l’assiette de la responsabilité politique des mauvais jours à venir. Ce remaniement d’essence politicienne n’a pas pris en compte les enjeux économiques que requiert la situation actuelle du pays. Bien au contraire, il trace en filigrane le « deal » intervenu pour préserver les intérêts de cette classe politique antipatriotique.

Il est temps de changer de paradigmes et de méthode, de bannir toute forme de corruption, de remettre l’État et l’administration au service de l’intérêt national, de l’économie et des citoyens. A défaut le réveil ne pourra être que brutal.

Il pourra venir et doit venir d’une jeunesse désespérée, refusant de choisir le suicide en mer à la recherche d’un mirage européen, mais retenant le changement de gouvernance dans leur pays. Ce dernier pourrait alors ne pas être en conformité avec les petits calculs politiciens et autres échéances électorales manipulées. Partout au cours de l’histoire des sociétés humaines, la jeunesse a toujours constitué le fer de lance des ruptures. La jeunesse sénégalaise devra le comprendre et mener sa mission historique.

Et la prédiction de « l’effet Pangolin » annoncé par le Quai d’Orsay pourrait se révéler exacte ailleurs que dans les seuls pays catalogués « fragiles ».

 

Dakar le 10 novembre 2020

 

Abdoul MBAYE

Ancien Premier ministre

Président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT)

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