ME MOUSSA SARR, HOMME DE L’ANNEE 2019

Politique

L’homme de l’année 2019 choisi par les Rédactions Rewmi, est l’avocat Me Moussa Sarr. Si les rédactions Rewmi ont choisi Me Moussa Sarr comme Homme de l’année 2019, c’est parce qu’il a marqué, de son empreinte, l’actualité judiciaire et médiatique. Brillant plaideur, innovateur et agitateur d’idées, Me Moussa Sarr, la quarantaine révolue, enchaîne les succès sur le terrain du droit et, par ricochet, engrange les retombées médiatiques. Qui se cache réellement derrière ce brillant avocat des affaires et pénaliste par occasion, qui a dirigé le plus grand procès de l’histoire récente des annales judiciaires du Sénégal avec 64 avocats et 29 détenus ? Portrait !

Avec Me Moussa Sarr, ce ténor du Barreau du Sénégal d’une extrême compétence, d’une grande générosité et d’une belle intégrité, une seule loi a droit de cité : celle de la défense des plus faibles. Il ne le dit pas, il le vit, le ressent et l’impose. Lucide, amoureux de la dialectique et du combat judiciaire, il maîtrise son rôle, à la virgule près. Car, la passion qu’il a pour son métier pourrait parfois accroître la véritable importance de l’habit qu’il endosse. S’il reste modeste sur le spectre de ses activités individuelles, il aurait tendance à considérer l’avocat comme un sauveur de l’humanité, le défenseur des faibles. Parce qu’il reste convaincu que la justice demeure l’ultime endroit de la confrontation de l’homme avec lui-même, à travers la loi et les avocats.

«Je suis avocat d’affaires de profession. Mais occasionnellement, quand je sens une injustice envers quelqu’un, lorsque je sens une discrimination, lorsque je sens une impunité, lorsque je sens une menace sur des libertés, au nom d’une défense de principe, je fais des incursions sur le plan pénal», nous confie-t-il. «Je me constitue pro Bono, c’est-à-dire gratuitement, pour défendre ces principes et ces valeurs auxquels je crois profondément, sans demander aucun franc», ajoute-t-il, en toute modestie.

L’homme est d’une générosité sans commune mesure. Ses victoires au tribunal, il les expose sur une commode, comme des trophées sportifs. L’on peut citer en exemple le dossier Cheikh Yérim Seck, pour lequel il a défendu gratuitement la fille qui a été violée. Il a réussi à faire condamner le journaliste.

Idem pour le procès opposant Barthélémy à la famille de feu Ndiaga Diouf. C’est encore lui qui a défendu gratuitement la famille du défunt, avant de faire condamner le maire de Mermoz Sacré-Cœur à six mois de prison ferme. Il a réussi à faire libérer les deux percepteurs dans le procès de la caisse d’avance de la mairie de Dakar.

Pareil pour Ouakam. Lorsque le Club a été sanctionné «injustement» par la Commission disciplinaire de football, il a payé de sa propre poche pour se rendre en Suisse où il a plaidé gratuitement auprès du TAS. Il a réussi à casser la décision de ladite Commission.

Mieux, il a été l’avocat des supporters de Ouakam, emprisonnés après le drame du stade Demba Diop. Il a réussi à faire obtenir à tous ces supporters une liberté provisoire. Même cas de figure avec le procès Imam Ndao dans lequel il est intervenu gratuitement au titre d’une défense de principe. Durant tout le procès d’Imam Ndao, Me Sarr a pris en charge gratuitement l’alimentation de tous les accusés, durant les deux mois du procès

Avocat de l’élève Saër Kébé, accusé de terrorisme, la robe noire a réussi à le faire acquitter, et mieux, lui assurer le service après défense (SAD): il lui a négocié une bourse d’études auprès de l’ISM du Pr Moustapha Guirassy. Il a également défendu gratuitement Bineta Camara, la fille du DG de l’ADL, Malal Camara, tuée à la suite d’un viol, à son domicile à Tamba.

Me Moussa Sarr est aussi l’avocat de Guy Marius et tous les autres mouvements activistes qu’il défend gratuitement, depuis trois ans. Il a aussi défendu l’animatrice Adja Astou pour des propos sur le viol. C’est dire qu’il n’exerce pas ce métier pour seulement gagner de l’argent. «Je le fais d’abord pour être au service de la justice.»

Il est maître de la parole et maitre de sa parole

Eloquent par le verbe et élégant par le port, Me Sarr est devenu l’un des emblèmes d’une nouvelle génération de robe. Il était prédestiné à l’advocature. C’est que le destin a frappé sans qu’il s’en aperçoive. Un matin, il s’est réveillé avocat, sans l’avoir vraiment décidé, tant la chose paraissait naturelle.

«Mon métier d’avocat a toujours été une vocation, une passion pour moi. J’ai toujours rêvé d’être avocat parce que je suis un homme profondément contre l’injustice. Même si après mon bac, j’avais hésité entre la philosophe et le droit.»

Dans ses plaidoiries, autant il est redoutable au prétoire, autant il l’est dans sa manière de communiquer envers l’opinion. Autant il est éloquent par le verbe, autant il est élégant par le port. Ce qui frappe, c’est son élégance. Il est maitre de la parole et maitre de sa parole. Ses confrères au palais de justice le décrivent comme un avocat extrêmement compétent, rigoureux et d’une grande générosité. A titre d’exemple, durant tout le déroulement du procès Imam Ndao, c’est lui qui nourrit gratuitement les 29 détenus.

Issu de milieu modeste

Me Moussa qui s’est inscrit au barreau de Dakar en 2000, est un pur produit de l’école publique sénégalaise. «Tout mon cursus scolaire, je l’ai fait ici dans ce pays», nous dit-il. Il est issu d’une famille modeste et très enraciné dans son terroir de Gamboul. «Son père était enseignant et imam. Musulman bon teint, Me Sarr éprouve un grand respect pour la communauté catholique. Son bled natal de Gamboul, un village sérère, administrativement dans le Saloum et culturellement enraciné dans le Sine, manquait de tout. «Dans mon village comme dans beaucoup de zones rurales, il n’y avait ni école ni structure de santé. C’est l’église catholique qui suppléait l’absence de l’Etat. L’église a joué un rôle très important dans l’éducation de l’élite sénégalais et j’ai bénéficié de cet apport de l’église, représentée par la mission catholique», dit-il, pour justifier son amour pour l’Eglise.

Ses prises de positions sociétales et citoyennes

Dans le cadre de sa responsabilité sociétale et citoyenne, il a pris position sur la question de l’interdiction du voile à l’Institution Jeanne d’Arc. L’avocat avait souligné, en son temps, que cette décision est illégale car violant notre Constitution et la loi d’orientation sur l’éducation nationale. « Cette décision d’interdiction porte atteinte à notre désir de vivre ensemble. »

Il s’est également prononcé sur l’affaire Petrotim en s’interrogeant sur la gouvernance contractuelle qui, à son avis, sembler relever des dysfonctionnements. Me Moussa Sarr a aussi préconisé dix mesures pour la modernisation de la justice pour une réforme en profondeur de l’organisation judiciaire au Sénégal, notamment le Conseil supérieur de la magistrature (Cms).

Parmi ces mesures, la robe noire recommande que  le Président de la République et le Ministre de la Justice ne siègent plus au Cms où ils seraient représentés. Il propose de renforcer le pouvoir du parquet pour qu’il ait une autonomie de fonctionnement. Il plaide pour la mise en place d’un Comité national de politique pénale, qui serait composé de policiers, de gendarmes, de douaniers, de magistrats et de forces paysannes. Me Moussa Sarr suggère la création d’un juge de la liberté et de la détention. Ce, dit-il, pour contrebalancer les pouvoirs du parquet.

Un CV riche et impressionnant

Me Sarr, titulaire d’un DESS en droit des affaires option Banques, a prêté serment en février 2000, sans savoir si un autre métier le tentait. Alors, il a fait un essai ailleurs. Il détient par devers lui un DEA en sciences politiques, option défense et sécurité (ce diplôme lui a permis d’être à l’aise sur le dossier Imam Ndao). Il est aussi titulaire d’un Certificat en Droit des sports. Il a aussi participé à plusieurs séminaires internationaux en matière de communication de leadership, management et droits de l’homme. Il est membre du conseil de l’ordre des avocats. Il a été président des jeunes avocats du Sénégal. Il est aussi l’un des rares Sénégalais à être un auditeur de l’Institut de Défense pénale de Marseille.

En octobre dernier, Me Moussa Sarr, qui animait un panel sur l’indépendance de la justice et l’indépendance financière du jeune avocat dans un contexte de conflits, a reçu à Douala, au Cameroun, la médaille de mérite et de la reconnaissance pour sa contribution au rayonnement de la bonne marche de la Fédération africaine des Associations et Unions de Jeunes Avocats. Il a été également élevé au rang de «bonne mère». Dans le jargon de l’organisation panafricaine, c’est un titre que portent les anciens présidents de la FA-UJA. Par cette distinction, Me Sarr acquiert le titre symbolique d’ancien président de la fédération. Ce n’est pas tout. La Banque mondiale lui a décerné un Certificat de reconnaissance pour sa contribution au Doing Business 2019.

Au regard de toutes ses qualités morales, intellectuelles et professionnelles, il n’est pas exclu qu’il assume, un jour, un destin national. Lequel. Wait and see !

Source : Rewmi

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