Hausse des prix: faible production agricole, relèvement de taxes à l’importation ou extension de la Tva

Eco-Finance

L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye explique cette hausse d’abord par l’offre insuffisante, notamment de produits alimentaires. Même si, selon lui, l’appauvrissement des populations n’a pas fait croître de manière significative la demande de ces produits.

Selon lui, la hausse sur les produits alimentaires n’aurait jamais eu lieu si les quantités en céréales annoncées produites par le Sénégal avaient correspondu à une réalité. Car d’après lui, la campagne 2020-2021 a été très mauvaise selon les dires des paysans et aucun facteur objectif ne pourrait expliquer les hausses de productions annoncées par le ministre de l’Agriculture.

Moussa Baldé, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a en effet annoncé des productions record concernant le riz, le mil, le maïs… Mais pour Abdoul Mbaye, cette mauvaise campagne se manifeste aujourd’hui par les mauvaises récoltes, le manque de foin, la cherté de l’aliment du bétail et surtout la hausse du prix de la viande.

Abdoul Mbaye souligne également que la spéculation a également joué son rôle. Car en l’absence de produits du crû en quantité suffisante, la demande des consommateurs se porte sur les produits importés tel le riz. Des facteurs exogènes ont aussi contribué au renchérissement des produits de consommation. «D’une manière générale, les énormes moyens de relance mis en place par les pays occidentaux pour assurer la reprise économique ont provoqué une hausse de l’inflation sur les produits importés. En effet dans les pays producteurs concernés, la consommation des ménages a été relevée exerçant une pression sur les prix», soutient-il. Puis il ajoute: «La relance économique induite par ces mesures de soutien et l’optimisme sur une reprise de l’économie mondiale en rattrapage des pertes de points de croissance ont provoqué la hausse du prix du pétrole avec des effets induits sur l’ensemble des prix à l’international».

 Au Sénégal, note l’ancien Premier ministre du président Macky Sall, devenu son opposant, des mesures de relèvement de taxes à l’importation ou d’extension de la Tva ( voir par exemple le cas de certains produits pharmaceutiques) ont également contribué au relèvement des prix.

Et pour faire face à cette flambée des prix, l’économiste affirme que les pouvoirs publics doivent rapidement activer les leviers à leur disposition pour soutenir la consommation des ménages. «Vous savez qu’une hausse des prix se traduit par une perte de pouvoir d’achat, donc de niveau de bien-être. Cela va affecter plus les ménages à faibles revenus qui ont une marge de manoeuvre quasiment inexistante», soutient-il. Toutefois, il admet qu’avec cette crise économique, les capacités de réaction de l’Etat du Sénégal restent limitées.

C’est aussi l’avis du fondateur de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (Act). Il affirme que l’Etat est désarmé et est même parfois responsable de la hausse. Il rappelle qu’il avait souligné que la politique d’ajustement structurel que le gouvernement avait décidé de mettre en œuvre dans le cadre de l’instrument de coordination de la politique économique (Icpe) sous contrôle du Fonds monétaire international (Fmi) repose sur la réduction du pouvoir d’achat des populations pour privilégier le paiement de la dette extérieure et protéger la dégradation de la balance  des paiements extérieurs du Sénégal. Le débat est encore vivace sur cette question entre Abdoul Mbaye et le ministre des Finances et du Budget qui niait toute politique d’ajustement structurelle.

Et à l’en croire, la hausse du prix de l’électricité fin 2019 en est le meilleur exemple. D’après lui, la fiscalité traîne également le pas en raison de la crise économique. En effet, l’Etat cherche à combler des pertes de recettes en relevant les droits de douanes ou en se montrant très strict sur leur application. «Cela a un effet immédiat sur les prix», dit-il. «L’Etat est désarmé parce que en partie responsable et contraint d’éliminer subventions et autres pour réduire son déficit budgétaire qui a doublé l’an dernier. Il n’a pas de marge de manœuvre. Tout au plus, il peut contrôler la part de spéculation en imposant des contrôles sur les structures de prix et en administrant certains prix ce faisant dans le cadre du respect des dispositions légales et réglementaires», explique Abdoul Mbaye.

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