Sénégal: L’autonomisation et l’intégration locale des réfugiés, le combat du Hcr

Eco-Finance

Depuis 2010, plus de 200 millions de francs ont été mis à la disposition des réfugiés. L’objectif du Hcr et de l’Ong Ofadec est de faciliter leur intégration locale et leur autonomisation financière.

Le Hcr veut faciliter l’intégration locale des réfugiés d’une part et d’autre part les permettre d’avoir une autonomie financière pour pouvoir voler de leurs propres ailes. Car selon lui, les donateurs se font rares et le Hcr s’intéresse de plus en plus à d’autres réfugiés. «Le Hcr a trois solutions dont la facilitation du retour volontaire, mais aussi l’intégration locale si les conditions d’un retour ne sont pas réunies. Dans ce cas, nous faisons en sorte que le réfugié s’intègre dans la communauté et soit autonome, qu’il ne dépend plus du Hcr», explique Simplice Kpandji, chargé de la communication du Hcr.

Ainsi, le Hcr octroie du matériel et des crédits aux groupements de femmes avec le système de revolving. Coutière, Ramatou Sow est devenue chef d’entreprise grâce au Hcr. L’organisation lui a donné trois machines à coudre. Elle tient son atelier de couture à Taredji. A l’instar de cette dernière, Ndiougou Sarr, la quarantaine, a lui aussi reçu trois machines à coudre de l’agence des Nations unies. Et même s’il pense toujours à rentrer au bercail un jour, ses affaires marchent et son métier le fait vivre, selon lui. Quant à Thierno Sow, il s’est reconverti dans le commerce de produit phytosanitaire dans la commune de Podor. Dans le cadre de l’intégration locale, il a suivi une formation et a reçu un financement deux millions de francs du Hcr en 2015. Aujourd’hui, il fait un chiffre d’affaires annuel de près de 1,5 millions par an. Enfin, le Hcr a construit et réhabilité des salles de classe, équipé une maternité et un poste de santé et réhabilité trois cases de santé, seize puits.

Au total, depuis 2010, plus de 200 millions de francs ont été mis à la disposition des réfugiés pour faciliter leur intégration locale et leur autonomisation. «Au début ils ont reçu de financements. Maintenant, ils sont devenus autonomes», explique Mamadou Ba, chef projet Ofadec.

A Ranéré, dans le département de Podor, Ibrahima Diallo est le chef du périmètre agricole. Il est à la tête d’un groupe d’une quarantaine de réfugiés qui exploite une vingtaine d’hectares et qui fait dans la polyculture. Depuis 2013, grâce à une puissante motopompe de deux cylindres d’un coût de huit millions achetée par le Hcr et qui draine l’eau de la rivière Douai, un affluent du fleuve Sénégal, ils cultivent toute l’année du piment, des aubergines, du gombo. Et les choses marchent bien pour eux. A la fin du mois de juin, Ibrahima Diallo va débuter la cueillette de piment. Il va récolter au moins quarante kilogrammes de piment par semaine durant quatre mois, à raison de 2000 francs le kilo. Ancien gradé de l’armée mauritanienne, polygame et père de huit enfants, Ibrahima Diallo rêve d’obtenir son propre périmètre pour agrandir la surface cultivable et augmenter ainsi ses revenus. Car, la terre appartient à des Sénégalais qui le lui ont prêté.

Plus loin, Bara Ba contemple son périmètre rizicole arrivé à maturation. Dans deux semaines, lui et une partie de ses compatriotes Mauritaniens refugiés au Sénégal vont récolter le 177 et le 108; deux variétés de riz.

A Niackhwar, une bande de terre coincée entre le fleuve Sénégal et le Ngalenka, un groupe de réfugiés avec à sa tête Aliou Sall exploite un périmètre rizicole depuis 2013. Dans cette bande de terre fertile et propice à l’agriculture, ces réfugiés ont trouvé leur voie avec la culture du riz, mais contrairement à Bra Ba, la bande à Aliou Sall devra patienter encore au moins un mois pour moissonner.

Le Hcr a obtenu des paysans Sénégalais 17 périmètres agricoles qu’ils ont aménagés pour le compte des réfugiés. Ensuite, ils  ont fourni les intrants et mis à leur disposition des motopompes pour l’irrigation. Car la culture du riz dans la vallée se fait en saison sèche.

C’est ainsi que Bra Ba et 22 de ses compatriotes exploitent un périmètre de onze hectares situé en bordure du fleuve Sénégal, dans la localité de Djoly, dans le département de Fanaye, à un jet de pierre de leur pays d’origine. «Au début les populations de la localité nous ont prêté huit hectares, mais nous avons aménagé trois autres ce qui fait un total de onze hectares», explique Bra Ba.

Maintenant ses compatriotes réclament plus de terres pour diversifier leurs activités agricoles et augmenter leurs revenus. Car ces réfugiés devenus des entrepreneurs agricoles ne font qu’une seule campagne dans l’année, durant la saison sèche.

 

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