L’émergence du candidat de la troisième république pour une transformation structurelle du Sénégal

Contribution

PhD Alpha Ousmane AW, Président du CNESA, Secrétaire National Coordinateur du PROACT

deme2016@isscad.pku.edu.cn

La seule chose que les Sénégalais n’ont pas eu l’opportunité de faire dans l’histoire politique du Sénégal c’est de choisir eux-mêmes le meilleur candidat d’une élection présidentielle, capable consciencieusement de transformer structurellement l’économie du pays et de préserver les valeurs d’éthique, de solidarité et de responsabilité.

Dans l’histoire politique sénégalaise, de Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, aucun des quatre présidents n’a été choisi sur la base de critères objectifs qui caractérisent la méritocratie en permettant l’émergence du leader idéal pour une meilleure gestion des affaires du pays.

Les élections présidentielles de février 2019 marqueront-elles la fin de la deuxième république ?

En effet, l’analyse de l’histoire politique sénégalaise permet d’identifier en trois phases : la première république de 1960 à 2000, la deuxième république de 2000 à 2019 et la troisième république qu’il convient de faire naître en mars 2019.

La première république, caractérisée par une phase de monopole politique après les indépendances, est marquée par le Parti unique et l’influence de la métropole française qui avait fait son choix sur Senghor au détriment du premier Docteur de l’Afrique de l’Ouest Lamine Gueye.

Senghor gouverna 21 ans sous la houlette de la promotion culturelle au détriment d’une vision économique, à la limite il a permis au Sénégal de se doter d’une stabilité exemplaire dans la sous-région et d’une administration noble et efficace. Par la suite, dans cette même logique de monopole du pouvoir sous l’égide de la France, Abdou Diouf nous a été imposé par Senghor comme son successeur. Ce dernier a gouverné 19 ans, laborieusement accoudé sur la bureaucratie et non sur son génie pour tenter de sortir le pays du sous-développement, s’avérant incapable de réaliser des infrastructures structurantes.

Cette première république sous la direction du parti socialiste, marquée par l’incompétence économique malgré des performances indéniables affirmant un rayonnement culturel et diplomatique du Sénégal en Afrique et dans le monde. Elle prendra cependant un retard économique de 40 ans face à des pays comme la Chine, la Malaisie, l’Indonésie, et de plus d’un demi-siècle face à des pays comme le Singapour et la Corée du Sud.

Ensuite il y a eu, à partir de 2000, l’avènement de la deuxième république caractérisée par une phase de concurrence et de domination libérale à tout point de vue. Cette deuxième république est née comme un enfant en dehors du mariage sacré, car fondamentalement enfanté par la politique d’austérité mise en œuvre par la première république comme moyen de sortir des conséquences de son incompétence économique. Cette phase (encore en cours) concerne les règnes des Présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall.

Cette deuxième république a vu naitre le « cauchemar Sénégalais ». Malgré toutes les belles promesses, la médiocratie est devenue le critère par excellence pour l’élection de certains députés, les membres du Conseil économique et Social et la nomination de nombreux membres du Gouvernement, directeurs généraux et directeurs de l’administration publique à des postes stratégiques. Il n’est point utile de les citer ; la liste serait trop longue, mais chacun saura les reconnaître. L’aura et la flamboyance de Abdoulaye Wade n’auront pas suffi à masquer leur carence notoire.

Cette deuxième république aura régné 19 ans en février 2019. Elle aura alors été marquée essentiellement par la corruption et la dégradation des valeurs sénégalaises, sans compter les nombreuses pertes humaines innombrables liées à l’insécurité et à la négligence et qui finalement auront agrandi l’écart qui nous sépare des pays émergents.

Cet écart est devenu encore plus absurde avec le PSE de Macky Sall, dont les Sénégalais mesurent les résultats après 4 ans de mise en œuvre à l’aune des pénuries d’eau potable dans les grandes villes et les zones rurales, mais aussi la famine dans de nombreux départements du pays.

Le peu d’efforts fournis par le président Abdoulaye en construisant des infrastructures majoritairement à caractère d’éléphants blancs se voit se substituer par des projets exclusivement ‘’tapes à l’œil’’ de Macky Sall qui réjouissent plus le touriste imaginaire que le sénégalais lambda avide de services sociaux de bases et de qualité tels que l’éducation, la santé, le logement.

Dans le registre de ce dernier, ingénieur de formation, le plus dramatique est son incapacité à résoudre la question de l’emploi des jeunes qui réside essentiellement sur l’ingéniosité de mettre en place de petites industries manufacturières orientées sur les avantages comparatifs du pays.

Le seul espoir pour les Sénégalais est de faire le choix non pas d’une alternance de régime politique mais plutôt celui d’une nouvelle république au soir du 24 février 2019. L’élection présidentielle de février 2019 doit signer la fin de la deuxième république et assurer l’avènement de la troisième république sous la forme d’une rupture d’ère véritable. Comment ? En choisissant le meilleur d’entre les candidats avec comme seuls repères des critères objectifs capables de mettre en exergue un leadership pouvant mener le Sénégal vers le chemin de la prospérité.

L’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) a partiellement apporté une réponse sur le choix judicieux, consciencieux et pertinent d’un Président de la République au Sénégal en définissant des critères qui caractérisent les valeurs de la société sénégalaise héritées de nos plus illustres personnalités religieuses, aristocrates, politiques et intellectuelles.

Les critères de l’IFAN sont entre autres l’intégrité qui semble être l’attribut cherché chez la majorité des Sénégalais, l’instruction et la bonne formation, le charisme (ou le sens du leadership), être démocrate, avoir une bonne connaissance des réalités du pays, avoir des relations à l’international, l’expérience politique, l’éthique, être un technocrate, être croyant et, enfin, ne pas être trop âgé.

En plus de ces critères nécessaires et non suffisants, j’y ajouterai la proactivité du leader, la maitrise des questions économiques et une capacité managériale et remplacerai l’expérience politique par une expérience de plus de 20 ans dans le secteur public ou/et privé.

En effet, l’élimination de l’expérience politique au Sénégal se justifie car elle est définie, lorsque l’on prend en compte le contexte depuis les indépendances, comme une expérience à tromper le peuple et non à bien guider ou à être bienveillant à l’endroit des Sénégalais.

Les critères retenus pour guider le choix du meilleur candidat possible deviennent ainsi les suivants par ordre d’importance en 12 points :

  1. Maîtrise des questions économiques et capacité managériale pour une transformation structurelle de l’économie du Sénégal ;
  2. Avoir l’Ethique comme fondement de toute action ;
  3. Expérience d’au moins 20 ans dans le secteur public ou/et privé ;
  4. Intégrité totale dans la gestion des affaires publiques et privées ;
  5. Proactif dans la recherche de solution ;
  6. Instruit sur le plan temporel et spirituel ;
  7. Charismatique ;
  8. Démocrate ;
  9. Valeureux et courageux dans les décisions à prendre ;
  10. Technocrate ;
  11. Croyant ;
  12. Ne pas être trop âgé ni trop jeune (45 à 75 ans)

Des candidats déclarés ou futurs candidats comme Mame Adama Gueye, Issa Sall, Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko, Bougane Gueye, Ibrahima Hamidou Dème rencontrent plusieurs de ces critères. Ils incarnent l’esprit de la nouvelle direction dans laquelle le Sénégal doit s’engager sous peine d’aller vers des lendemains qui pourraient être difficiles parce que de désespoir après plusieurs alternances décevantes, marquées par la dégradation des valeurs et l’échec économique.

Pour ma part, et c’est bien évidemment un choix partisan, mais qui a avant tout motivé mon engagement à ses côtés, je reconnais à Abdoul Mbaye le profil le plus complet et le plus éprouvé. Outre ses valeurs connues et reconnues d’homme intègre, l’importance qu’il accorde au respect de sa religion et de celle des autres, sa réussite professionnelle reconnue, plusieurs fois constatée au point d’avoir mérité le surnom de « redresseur de banques » (il a redressé 3 banques et un établissement financier), il a occupé les plus hautes fonctions au niveau de l’exécutif en qualité de Premier ministre.

Il a à cette station, laissé parmi les hauts fonctionnaires et les partenaires techniques du Sénégal, un excellent souvenir et l’image d’un homme d’action. Ceux qui l’ont côtoyé à ce moment-là n’hésitent pas à dire qu’il fut le meilleur Premier ministre que le Sénégal ait jamais eu.

La sanction est venue parce qu’en Afrique on ne permet pas à un Premier ministre de faire de l’ombre à son Chef. Y compris lorsque cette ombre est créée non par un projet politique (il n’en faisait pas) mais plutôt par celui d’assurer l’exécution et la réussite du programme sur la base duquel le Président a été élu.

De récentes interviews accordées par le Président de l’ACT ont permis de lever un coin du voile du projet de société que propose aux Sénégalais le futur candidat de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail. Il est la traduction en économie des valeurs fondamentales auxquelles Abdoul Mbaye est attaché : la priorité aux solutions à apporter aux plus pauvres, à la souffrance extrême ; le partage de la richesse sur la base d’une logique de travail par le plus grand nombre pour rendre à un maximum de Sénégalais leur dignité.

La refondation de l’économie sénégalaise sera organisée autour des toutes premières priorités que constituent l’éradication de la faim au Sénégal et la lutte contre la pauvreté. Elles seront réponses aux échecs de la politique conduite ces 5 dernières années par le régime du Président Macky Sall et supposée conduire le Sénégal aux portes de l’émergence.

Ces deux priorités conduiront à porter les efforts de la politique économique sur la recherche du développement de l’agriculture au sens large pour d’une part organiser une disponibilité suffisante de denrées alimentaires sur le marché national, et d’autre part créer du revenu dans les zones rurales qui restent les plus pauvres et les plus démunies. Une agriculture en expansion sera en outre la condition du développement de l’agro-industrie sénégalaise.

La recherche du recul de la pauvreté dans les zones urbaines reposera essentiellement sur la nouvelle importance donnée au soutien et à la transformation de l’artisanat qui bénéficiera d’un soutien tout particulier afin d’évoluer vers la semi-manufacture et l’industrie.

Les sous-secteurs pour lesquels le Sénégal dispose de compétences anciennes et reconnues seront soutenus et réorganisés. Peuvent être cités la confection, l’artisanat du cuir et de la maroquinerie, l’orfèvrerie, la menuiserie bois, la menuiserie métallique, la mécanique, etc.

C’est par une démarche de développement à la base, logeant la croissance dans les secteurs les plus utilisateurs de main d’œuvre, visant une transformation structurelle de l’économie du Sénégal, que les conditions d’une émergence réelle et inclusive pourront être atteintes.

Une stratégie de « grands travaux » à haute intensité de main d’œuvre se substituera à celle des « grands projets » gourmands en ressources, imposant un endettement extérieur déraisonnable et privilégiant les entreprises non nationales.

Les nouvelles politiques publiques serviront ainsi à mettre le plus grand nombre de Sénégalais possibles au travail, et en particulier les plus pauvres.

Les ressources financières attendues de l’exploitation des réserves en hydrocarbure ne seront pas nouveaux moyens de les faire dépendre d’une charité qui se transformera en chantage électoral à la veille des scrutins. Ces nouvelles ressources budgétaires, les économies réalisées grâce à une gestion sobre et vertueuse des ressources publiques et la fin des scandales financiers de toutes sortes contribueront à l’amélioration de la santé, et de l’éducation. Cette dernière privilégiera la formation aux métiers.

L’amélioration du mieux-être des citoyens sera au centre de toutes les politiques publiques ; et davantage que le taux de croissance annuel, le nombre de personnes sorties de la pauvreté sera indicateur de leur réussite.

Vivement l’avènement de la troisième république et vive le Sénégal !

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *