Agriculture : Bruno D’Enerville brule la politique agricole de Macky

Contribution Politique

Monsieur le Président de la République, votre politique est à la fois dispendieuse et économiquement inefficace. Vous venez de donner aux paysans plusieurs centaines de tracteurs agricoles représentant un budget de 5.2 milliards. Vous venez de consentir une ligne de crédit de 15 milliards pour la filière anacarde qui criait il n’y a pas longtemps, en vain, alors que sa production était neutralisée par manque d’infrastructures de transport et d’un conditionnnement adapté. Vous présentez en plus tout cela au mauvais moment sauf si on l’analyse sur un plan purement électoraliste !

En effet vous savez comme tout le monde que les paysans sont aujourd’hui dans les champs, préoccupés qu’ils sont de semer et de désherber pendant cette période de pluies. Même si, par égard pour l’institution que vous représentez, ils viennent assister à votre présentation de tracteurs flambants neufs, aucun d’entre eux ne songe un instant à monter sur ces bécanes durant cet hivernage. Ils auront vite réalisé que l’effort d’apprentissage et le temps à consacrer à ces “belles bêtes” ne sont pas compatibles avec les activités champêtres du moment. Comment ne pouviez vous pas le savoir, vous et vos Spécialistes ? Vous avez délibérément pris ce temps précieux des pauvres paysans pour … les “amuser”, les divertir. Vous distribuez ces belles machines à une centaine de bénéficiaires en les exhortant à mutualiser leurs moyens…mais n’est ce pas trop leur demander ?

Car c’est bien la responsabilité de votre gouvernement de les organiser ! Comment pouvez-vous leur parler d’agrobusiness à eux qui en sont encore à une agriculture de survie ? Si c’est pour justifier votre système PDIDAS, j’invite tout le monde à son rejet car nous ne voulons pas faire de nos agriculteurs des ouvriers agricoles sur leurs terres.

La multiplicité de vos programmes PRACAS, PNASA, PRODAC, PIESAN, PAIS, PADEN, PAPSEN, PADAER, PAFA, PPAAO, P2RS, PNAR, PAPRIZ, BARVAFOR, PRODAM, DRIARS, PASA MOUMAKA, PPDC et… même PRIP, loin de témoigner de l’efficacité révèle plutôt d’un activisme voire de l’agitation. Le contribuable serait bien intéressé d’ailleurs de connaître les évaluations qui en sont faites puisqu’il s’agit de nos deniers.

Il faut plutôt organiser nos paysans pour qu’ils soient des entrepreneurs et vous devriez vous inspirer des petits pas faits en ce sens par le président Senghor. Il avait au moins pris la peine d’accompagner la création des terres neuves avec un encadrement des paysans durant plusieurs années. Oh, bien sûr cela demande un effort de méthode, de planification des politiques publiques et nous savons que ce n’est pas vraiment le fort de vos équipes.

Malheureusement vous vous êtes plutôt spécialisés dans les méthodes planifiées de neutralisation des adversaires ce qui n’est pas véritablement la même chose. Je souscris à la nécessité d’un changement radical du mode de production agricole mais ce n’est pas par cette méthode que vous y réussirez. Vous suivez rigoureusement les pas de WADE qui a fait échec avec ses tracteurs indiens. Les mêmes causes produiront les mêmes effets sans aucun doute et nos pauvres milliards finiront par de belles paroles et des carcasses de tracteurs abandonnées. Tout cela sans conséquence, comme d’habitude!

Concernant l’anacarde, vous le savez ce n’est pas seulement une affaire d’accès aux financements, vous avez une obligation d’encadrer les acteurs en leur donnant des infrastructures adaptées pour faire progresser la filière. Enfin, l’augmentation des surfaces emblavées est certes louable mais les vallées ne constituent pas l’essentiel de celles-ci, bien au contraire.

Si je suis intéressé par cette question, c’est qu’elle est vitale pour notre avenir en tant que nation. Notre parti propose d’ailleurs une formule unique, courageuse et…pour le coup révolutionnaire comme le souhaite le président. Ce programme fait sauter tous les verrous structurels au développement d’une agriculture populaire et intensive pour permettre la généralisation de la modernisation de notre agriculture. Nous présenterons au Sénégalais en temps opportun ce programme à nul autre pareil, loin des polémiques et discours stériles.

En attendant, monsieur le Président, dépêchez-vous de libérer nos braves paysans pour qu’ils répondent à leurs obligations, car eux ne s’amusent pas en ce moment.

Bruno d’ERNEVILLE

Président du PAC

Membre de JOTNA

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