Gestion de l’AIDB: des hommes d’affaires sénégalais dénoncent la mainmise des turcs

Eco-Finance

Les entrepreneurs Sénégalais demandent à l’Etat de mettre de l’ordre dans la gestion de l’aéroport de Diass. Ces derniers accusent les turcs d’avoir fait main basse sur l’Aéroport International Blaise Diagne bijou national financé qui a été donné en gestion exclusive aux turcs qui «font et défont la loi au détriment des entreprises locales».

Un homme d’affaires qui a souhaité garder l’anonymat affirme que les tarifs qui y sont pratiqués pour les emplacements commerciaux ont fini de donner les tournis à nos entreprises sans moyen devant la gestion turque qui exige des loyers exorbitants. « La facturation des autres services aéroportuaires connexes est tout aussi décriée parce que pouvant plomber la compétitivité de la destination », dit-il.

«Dans ce même sillage on retrouve la gestion scandaleuse du Cargo-village qui aurait été ravie à une entreprise locale ayant investi des milliards. A ce niveau il y a un réel décalage entre le positionnement de l’aéroport et la réalité des services qui y sont offerts au grand dam des compagnies aériennes et autres opérateurs qui retrouvent leurs marchandises entreposées à l’air libre comme dans un « souk ». Cela exprime un véritable mépris pour les Sénégalais qui ont payé pour avoir cet aéroport. Pareille situation n’aurait jamais été acceptée ailleurs », poursuit notre source.

Qui affirme que, loin d’être des pourfendeurs des investissements étrangers ils souhaitent tout simplement jouer notre rôle d’alerte sur le profil de cette « coopération » turque tous azimuts qui consiste à rafler les marchés avec des marges surévaluées tout en ne laissant rien pour les entreprises locales.

«Trop c’est trop…on a assisté il y a quelques années à la mise sous contrôle de notre secteur bancaire par des intérêts marocains et maintenant on court le risque d’un « remake » avec les intérêts turcs qui si on n’y prend garde vont compromettre durablement certains piliers de notre faible économie », peste-t-il encore, ajoutant qu’on doit légitimement s’interroger sur les véritables retombées de ce type de partenariat sur le plan technique notamment en matière transfert de technologie.

En effet, d’après notre interlocuteur, le constat global qui est fait est que leur stratégie consiste à entrer dans notre marché d’infrastructures par le truchement des offres spontanées ou par appels d’offres dans certains cas pour ensuite se positionner définitivement dans l’exploitation desdites infrastructures au détriment du savoir-faire, des emplois et autres compétences locales.

«On s’enorgueillit de leur rapidité d’exécution des ouvrages dans le respect de la qualité ce qui est en soi louable tenant compte de notre gap infrastructurel à combler mais il n’en demeure pas moins que leur stratégie pourrait à terme impacter notre socle industriel encore fragile. En effet, leur discret basculement dans l’exploitation desdites infrastructures souvent au détriment d’entreprises locales aguerries (cas de la gestion du nouvel aéroport qui leur a été dévolue, son Cargo Village et probablement d’autres infrastructures en cours de réalisation) prive le secteur privé national du transfert de compétences qui est pourtant une conditionnalité à la validité juridique des contrats acquis par offre spontanée », poursuit-il, ajoutant que l’heure est grave.

«Nous devons être beaucoup plus attentifs au déploiement des intérêts turcs dans notre pays par rapport à la nécessaire protection de nos acquis nationaux. Parce que vouloir à tout prix réaliser des infrastructures dont la gestion sera ultérieurement et de facto dévolue aux turcs est assimilable à un fait qu’on ne devrait cautionner parce que susceptible de compromettre l’avenir de nos entreprises et nous faire perdre des emplois par manque de réinvestissement des profits réalisés par ces intérêts extérieurs », conclut-il.