Joseph Sarr, tête de liste départementale de la coalition gagnante à Dakar: «Samuel Sarr est du côté de Macky Sall»

Politique

L’ancien argentier de Wade a changé de camp en finançant les opposants à la coalition gagnante Wattu Sénégal. Dans cet entretien, Joseph Sarr, tête de liste malheureuse de cette coalition à Dakar, explique que Samuel Sarr est désormais du côté de Macky Sall. D’autre part, le Doyen de la Faculté des Sciences et Techniques croit savoir que Karim Wade le candidat du Pds rentrera au bercail «dans deux à trois mois».

Walf Quotidien: Que pensez-vous des propos d’Ousmane Faye, votre ex allié, qui a avoué publiquement que c’est Samuel Sarr qui a financé sa campagne électorale?

Joseph Sarr: Ousmane Faye a passé son temps à critiquer la coalition gagnante Wattu Sénégal, cela veut dire tout simplement que Samuel Sarr n’est plus de notre côté. Cela veut dire qu’il est du côté de Macky Sall. C’est une simple logique.

Ah bon ?

Si quelqu’un finance votre ennemi ou votre adversaire, vous n’osez pas le considérer comme un ami, vous n’osez pas lui tourner le dos en dormant.

Tout le monde s’accorde à dire que c’est grâce que le Pds a obtenu un bon score aux élections, maintenant qu’il prend sa retraite politique qui pour le succéder ?

Il n y a pas de vide au sein de notre formation politique. Il y a un secrétaire général et son adjoint.

Mais y a-t-il pas une personne capable de fédérer tous les libéraux?

Pour être capable, il faut être testé d’abord. Vous savez au Sénégal dès qu’on met n’importe qui, il est contesté. C’est un tempérament essentiellement sénégalais. Mais c’est bien de mettre quelqu’un à l’épreuve, de lui dire allez-y. En plus, Wade n’a jamais dit qu’il part définitivement.

Mais il ne sera plus candidat

C’est évident. C’est également réglé par la constitution qui limite l’âge des candidats. Cela tout le monde le sait depuis, mais aujourd’hui, on a vu ce dont il est encore capable. La campagne électorale pour les élections législatives était insipide avant qu’il n’arrive.

Ça a bougé et les populations se sont réveillées dès qu’il est venu, son magnétisme naturel a travaillé. J’étais dans le cadre d’une explication sociologique, je sais qu’il exerce une attirance sur la foule. Lors de la campagne électorale il m’avait invité à monter dans son véhicule, j’avais du mal à comprendre pourquoi il attirait tant les foules.

Il était candidat, mais ce ne sera plus le cas désormais.

Nous avons déjà un candidat désigné pour la prochaine élection présidentielle: Karim Meissa Wade qui est le candidat du Pds. Maintenant, nous avons un an et demi pour faire les réglages. Nous attendons qu’il vienne, le plus vite possible. Mon sentiment c’est qu’il devrait être là d’ici deux à trois mois. Car pour être candidat, il faut faire le tour du pays et ça prend du temps.

Wade ne sera pas candidat pour arranger les foules, mais attendez de voir celui qui sera là. Nous souhaitons qu’il vienne battre campagne mais dans un premier renouer le fil avec les militants.

La semaine dernière le nouveau ministre de l’Intérieur a invité l’opposition au dialogue, le Pds est-il partant?

Nous avons toujours été partants pour discuter et parfaire le processus électoral. Mais ce que nous avons vécu tout dernièrement, nous prions le ciel de ne plus vivre des moments pareils. Les élections législatives ont été mal organisées mais à dessein.

Tout observateur qui sait faire des analyses sait que la distribution des cartes a été bien faite dans les zones où l’Apr est majoritaire. Par contre à Dakar, Touba, où l’opposition avait des chances de gagner, il y a eu un sabotage organisé.

Nous avons aussi dit qu’il y a eu rupture du dialogue entre le pouvoir et l’opposition qui avait duré 25 ans. Cela se passait très bien.  A chaque fois qu’un scrutin arrivait le pouvoir et l’opposition travaillait la main dans la main pour avoir un minimum de consensus. Mais vous ne pouvez pas aller à un combat avec un arbitre qui est dans un camp. On ne va jamais l’accepter.

Mais malgré tout, vous êtes pour un dialogue?

Vous savez, au Sénégal nous sommes dans un pays où si vous bougez on dit que vous êtes pressés et quand vous croisez les bras on vous accuse d’être timoré.

Avant ces élections, un appel avait été lancé pour faire une marche pour que les cartes détenues par les autorités puissent être livrées à leur propriétaire. Mais tout le monde s’est levé pour dire: non ce n’est pas la peine de faire une marche. Une semaine plus tard, ceux qui disaient que ce n’était pas la peine de faire une marche se demandaient où étaient leurs cartes. Et on était obligé de leur expliquer que c’était pour qu’ils aient leurs cartes qu’on se tuait. Cette rétention des cartes n’était pas le fait du hasard, c’était organisé, planifié et concocté en haut lieu. On a la certitude.

Vous exigez une personnalité indépendante?

Maintenant, on a dit qu’il faut une personnalité neutre pour organiser les élections. On n’a jamais dit que le ministre de l’Intérieur ne doit pas être de l’Apr parce qu’il appartient au président de la République de nommer qui il veut. Mais il faut une personne admise de manière consensuelle par toutes les parties prenantes au processus électoral. Nous avons dit que nous n’accepterons plus ce que nous avons vécu la dernière.

Donc, c’est votre condition?

Evidemment, il y a des préalables au dialogue. Le président de la République a posé une contradiction; à la sortie des élections, il a dit : je félicite le ministre de l’Intérieur, donc, il a fait du bon travail. Après quelque temps, il le remplace, c’est une contradiction. Si quelqu’un fait du bon travail, il faut le maintenir, mais il l’a enlevé pour le mettre ailleurs.

N’est-ce pas là pour satisfaire votre exigence ?

Si vous voulez satisfaire l’exigence d’une personne, il faut discuter avec elle. Nous avons dit dès le lendemain des législatives du 30 juillet dernier que ce n’est pas une question de personne. On n’a jamais vu des élections aussi mal organisées.

Maintenant, il faut reprendre les choses depuis le début, c’est mon sentiment et discuter de la meilleure manière d’organiser les élections.

D’où l’appel du ministre de l’Intérieur

C’est le président de la République qui est le mieux indiqué pour faire un tel appel. Si vous voulez faire un geste en direction de l’opposition, vous devez d’abord reconnaître ce qui a été décrié par tout le monde. On a vu Macky Sall, après les Assises nationales dire qu’il ne nommerait pas une personne appartenant à son camp au poste de ministre de l’Intérieur.

Mais lors du dialogue avec l’opposition, il avait dit aussi qu’il ne changerait pas Abdoulaye Daouda Diallo au motif qu’en 2016 il est impensable de voler des élections.

Pourtant l’impensable a été vécu par les Sénégalais. J’habite Hann-Bel-air et pendant quatre mois la commission chargée de distribuer les cartes d’identité ne livrait qu’une dizaine de cartes par jour. J’ai appelé le sous-préfet de Grand Dakar, je lui ai dit que ce qui se passe là va créer des problèmes. Je lui ai dit: je pense que vous êtes partisan, mais il a nié. Il a dit que les cartes seront distribuées dès qu’elles seront disponibles. Mais il a fallu que la coalition gagnante sous l’impulsion de Wade menace d’organiser une marche pour qu’on commence à distribuer 300 cartes par jour. C’est une situation inacceptable, il faut le dire et c’est déjà quelque chose, mais si vous ne dite rien, c’est que vous cautionnez cela.

Allez-vous répondre à l’appel du pouvoir ?

On ne va pas accepter qu’on nous manipule comme des enfants, il faut qu’on ait une discussion entre adultes. Il faut nous rassurer parce que nous ne le sommes pas. Nous sommes d’accord pour dialoguer, mais après ce qu’on a vu ces dernières années, nous attendons des faits. Nous ne sommes pas d’accord pour être embobinés. Il faut qu’on fasse les choses sérieusement, qu’on les fasse entre adultes. L’arbitrage dans un match doit être neutre, il faut un minimum de consensus.

Vous pensez qu’il n’est pas sincère ?

En tout cas de ce que nous avons entendu, depuis qu’il appelle au dialogue, une dizaine d’appels au dialogue, rien de concret n’a été fait en tout cas pour ce qui concerne le processus électoral. Et aujourd’hui, il y a deux camps, d’un côté le camp de Macky Sall et de l’autre le camp de l’opposition qui est clairement identifiée. Lui-même sait qui est le chef de l’opposition donc il sait ce qu’il doit faire pour que le dialogue se réalise.

Mais toujours est-il que l’objectif le plus important a été atteint par l’opposition; on l’a amené à 49% lors des élections législatives du 30 juillet dernier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *