Massirin Savané, administrateur du FADSR : «L’autosuffisance alimentaire est à portée de main au Sénégal»

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WalfQuotidien : Vous avez dit qu’il est préférable que les grandes exploitations appartiennent à nos champions nationaux sans transformer nos producteurs en ouvriers agricoles. Comment concilier ces deux exigences?

Massirin SAVANE : La terre peut bel et bien être exploitée par nos champions nationaux sans transformer nos agriculteurs en ouvriers agricoles. Il suffit pour cela de créer des coopératives où les agriculteurs participeraient en nature par les terres que l’Etat mettrait à leur disposition par bail. Les champions nationaux apporteraient les capitaux nécessaires à l’exploitation. En fin de campagne, les membres de la coopérative se partageraient les bénéfices.

Pensez-vous que cela pourra conduire à l’autosuffisance alimentaire ?

L’autosuffisance alimentaire est à portée de main au Sénégal. Nous pouvons produire, se nourrir et même exporter les surplus pour beaucoup de spéculations.
Pour cela, il va falloir marcher sur nos deux jambes: appuyer les exploitations familiales et organiser les conditions optimales d’investissement pour l’agrobusiness. Nous ne devons pas être frileux. La ligne rouge à ne pas franchir est la privatisation des terres. Il ne faut pas aller vers la marchandisation de nos terres fertiles qui vont, le cas échéant, complètement échapper aux nationaux dans ce contexte de pauvreté rurale.

Les terres agricoles sont également de plus en plus accaparées par des Indiens et des Marocains. Cela ne constitue-t-il pas un frein au développement de l’agriculture ?

Les étrangers peuvent exploiter les terres dans le cadre des joint-ventures mais les terres doivent rester dans le domaine de l’Etat et l’usufruit aux exploitants.

Est-ce que la possession des terres par des paysans pauvres, qui cultivent de manière saisonnière peut faire en sorte d’avoir une autosuffisance alimentaire?

Pour avoir de bonnes productions l’Etat doit continuer à soutenir l’agriculture, de manière vigoureuse, en orientant vers ce secteur une partie conséquente de la future manne pétrolière et gazière. Ce serait une sorte d’investissement pour le futur, car les ressources en hydrocarbures ne sont pas éternelles. Ces ressources permettront de fabriquer de l’urée et des engrais localement. La disponibilité des engrais grâce à des Industries chimiques du Sénégal (Ics) renationalisées, la maîtrise de l’eau et une mécanisation intelligente des opérations culturales nous permettront d’atteindre nos objectifs.

La maîtrise de l’eau concernera aussi bien les eaux de surface que les eaux souterraines. Vous n’avez aucune idée des quantités d’eau que nous perdons par ruissellement ou dans les différentes embouchures des fleuves. Je signale que dans le même ordre d’idées que les vallées fossiles doivent être revitalisées et que les inondations saisonnières intempestives peuvent être transformées en opportunités pour les cultures de contre-saison.

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