Philippe Bohn, directeur général d’Air Sénégal SA: «Il n’y a aucune entité sénégalaise capable de participer au financement de ses avions»

Eco-Finance

 

L’acquisition des A330neo, connue de tous, nécessite évidemment un financement qui vient de banques internationales. Soit nous aurons la chance de bénéficier des Eca (Agence de crédit d’export), comme pour les Atr, soit on explore un autre montage. Pour les Airbus, nous espérons possiblement avoir des financements qui viennent de crédits exports françaises, allemandes, britanniques puisque les moteurs de ses avions sont britanniques.

Il n’y a aucune entité sénégalaise aujourd’hui capable, professionnellement, institutionnellement, de participer au financement de ses avions. Cela n’existe pas. L’expérience n’existe pas. Il n’y a pas de structure capable de le faire. S’ils font allusion à la grande banque américaine Lazard, elle n’est pas une banque qui prête de l’argent. C’est une banque conseil, qui est dans le top 3 des banques d’affaires.

Nous travaillons car nous avons la chance, puisqu’ils ont accepté de nous accompagner pour l’ouverture du capital de la compagnie pour la recherche de financements. Cela n’a rien à avoir avec le financement des Airbus A330neo. Eventuellement, ils peuvent nous aider à trouver des gens qui peuvent financer mais la banque Lazard, en aucune manière, ne s’est substituée à qui que ce soit pour prêter de l’argent.

Le financement des Airbus A330 va se faire de deux façons. Acheter un avion, c’est comme acquérir un appartement. Il y a une partie qui est l’apport personnel et la banque prête le reste. En suite, nous devons organiser le financement principal qui représente 70 % du prix des avions. Et ce sont des banques internationales qui peuvent nous accompagner dans cela. C’est un métier extrêmement précis, technique et qui ne supporte pas l’approximation.

Pour vous aider à acheter ses avions, le gouvernement avait demandé au Fonds souverain des investissements stratégiques (Fonsis) de vous accompagner. Pourquoi il a été écarté de ce montage ?

Tout cela est tout à fait confus. Le Fonsis est un fonds d’investissement public qui dépend du ministère des Finances. Il y a eu au départ une confusion, c’est-à-dire le Fonsis qui n’a aucune expérience d’acquisition d’avions, a créé une entité qui pourrait acquérir ces avions et ensuite les louer à Air Sénégal.

Mais la compagnie est une entité de l’Etat. Cela aurait créé une inflation artificielle des coûts. C’est ridicule et tout cela allait coûter de l’argent à l’Etat, au contribuable. Donc, dans sa grande sagesse, le chef de l’Etat a décidé que la compagnie fasse l’acquisition d’avions pour en avoir l’entière propriété. Pourquoi ces avions auraient-ils dus appartenir à toute autre entité de l’Etat qui n’a aucune expérience et aucune légitimité pour posséder des avions ?

Je pense qu’il y a une grande rationalité des autorités gouvernementales qui fait les choses simples. Donc, nous construisons le financement pour l’acquisition de ces avions. Posséder des avions neufs pour une compagnie aérienne renforce sa crédibilité sur le marché et sa valeur. Quand je suis arrivé, le gouvernement avait déjà cette conception intelligente avec l’acquisition des Atr. Moi, je n’ai fait que renforcer et amplifier cette vision. Pour avoir une société viable, il faut l’asseoir sur une solidité de ses avoirs, de ces actifs.

Source: Walf Quotidien

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