Adama Lam, membre du patronat: «On a l’impression que notre Etat a honte de son secteur privé»

Eco-Finance

Sentez-vous la présence de l’Etat à vos côtés?

Les pays d’Europe et je dirai même tous les pays qui veulent tirer leur économie vers des performances économiques durables et de bonne qualité, donnent à leurs hommes d’affaires nationaux une place de choix dans la définition des politiques économiques et surtout tiennent compte de leur avis dans la mise œuvre de celles-ci.

Dans notre pays, et cela n’est pas nouveau, j’ai l’impression, et les faits ne me démentiront pas, que l’homme d’affaires sénégalais d’une manière générale, exception faite de « quelques privilégiés » qui seraient écoutés, peinent à être considérés comme des partenaires par les pouvoirs publics. C’est une grosse erreur de gouvernance économique. Une concertation directe et régulière avec toutes les composantes du secteur privé dans sa globalité et sa diversité permettrait de saisir la réalité des entreprises afin de trouver les bonnes mesures de sortie de crise par le haut. Malheureusement, le dialogue public-privé inclusif et non biaisé est en panne et il gagnerait à être remis en orbite. C’est cela la vérité.

Donc, tel n’est pas le cas au Sénégal ?

 J’avais espoir que les leçons seraient tirées de la nouvelle donne induite par la nouvelle législature. Si les défaillances constatées ne sont pas corrigées, mon attente est que le parlement joue son rôle en mettant sur la table les problèmes qui assaillent l’entreprise sénégalaise. Les prémisses que nous avons constatées avec la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale nous couvre de honte et de désespoir.

De même, nous attendons de la prochaine déclaration de politique générale du Premier ministre, des mesures concrètes de relance économique réelle qui rassurent l’investisseur et que l’on cesse les promesses sans lendemains que l’on nous sert.

Il faudra que l’on arrête les discriminations que nous constatons dans la gestion des rapports avec le secteur privé étant entendu que l’idéal serait que le gouvernement accompagne une réunification des Patronats pour que l’action économique concertée soit plus efficiente. La fonction principale d’un secteur privé, c’est de peser positivement sur les orientations économiques du gouvernement et cela n’est possible que par le biais d’un secteur privé national fort. On a l’impression que notre Etat a honte de son secteur privé qui pourtant, le fait vivre !

Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons tous qu’il y a des relations clientélistes qui desservent les hommes d’affaires vertueux qui en paient le prix fort au profit d’affairistes incapables de respecter leurs engagements contractuels. Et le prétexte est trouvé pour mettre tous les opérateurs nationaux dans le même sac de l’incompétence, pour par ailleurs favoriser la présence des étrangers.  

Source WalfQuotidien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *