Le parrainage sous Macky Sall: une arme politique non conventionnelle au service d’une ambition personnelle

Contribution Politique

Lorsqu’à la veille de l’élection présidentielle de 2019, le président Macky Sall introduit unilatéralement le système du parrainage dans notre loi électorale, nombreux sont les sénégalais qui s’interrogent sur les motivations réelles du locataire du palais de la République. Les premiers éléments de réponses, liés aux questions qui taraudent les esprits, ont en effet été livrés au lendemain de la publication de la liste définitive des candidats à ce scrutin présidentiel.

Sur les vingt et sept listes de candidatures, préalablement enregistrées et déposées auprès du Conseil Constitutionnel, seuls cinq partis ou coalitions de partis avaient reçu le quitus, l’onction de participer à cette bataille  électorale. Les portes étendards des vingt et deux autres listes rejetées, ont vu leur rêve de briguer le suffrage des sénégalais, s’effondrer comme sur un château de carte.

Le parrainage électoral, la nouvelle trouvaille du régime Sall, venait ainsi d’enregistrer ses premières victimes. En conséquence de quoi, l’issue du scrutin, qui apparaissait jadis comme incertaine aux yeux de certains observateurs avisés de la scène politique sénégalaise, revêtait dès lors, moins d’enjeux pour le régime en place.

Parce qu’en excluant délibérément de la ligne de départ, un nombre important d’acteurs politiques de grande envergure, Macky Sall venait de conjurer de fait, le sort fatal qui devrait découler de l’inévitable dispersion des voix des électeurs, source d’affaiblissement pour le régime sortant.

Il suffit pour s’en convaincre, de porter un regard lucide, sans équivoque sur la configuration et l’équivalence des forces politiques opposées qui, à l’époque, se jaugeaient sur le terrain. Si un tel scénario s’était produit, nul doute que le rendez-vous électoral de 2019, allait connaître inéluctablement son dénouement et son épilogue, à l’issue d’un deuxième tour fatidique pour le candidat sortant.

Autant affirmer que le parrainage, avait subtilement servi de bouée de sauvetage à un régime à bout de souffle, moribond,. Et, à l’image des entraîneurs de football qui rechignent souvent à procéder à des changements dans leur effectif, quand ils ont une longueur d’avance sur leur adversaire du jour, Macky Sall a, contre vents et marées, maintenu intact le système du parrainage au Sénégal.

Les injonctions de la Cour de justice de la CEDEAO, les cris d’orfraie  des opposants à son régime, les lamentations bruyantes du peuple sénégalais,  n’ont pas réussi à infléchir la position du président de Benno Book Yakaar sur la question du controversé système de parrainage.  Macky Sall, est sans doute conscient, qu’il détient entre ses mains, une arme politique redoutable, de destruction massive, à laquelle ne pourrait résister avec ténacité, une force politique opposée à son régime.

C’est donc tout naturellement, qu’il s’en sert froidement, dans le cadre de la bataille qu’il mène présentement pour le contrôle de l’hémicycle le 31 juillet prochain. Des sénégalais, regroupés dans des listes de partis ou de coalitions de partis de l’opposition,  seront recalés à coup sûr, à l’issue du parrainage.

Du coup, ils se verront  privés du droit élémentaire de participer  librement  à une compétition électorale. Le président Sall, devenant ainsi le seul maître du jeu politique et électoral, aura de nouveau les coudées franches, pour désigner ses adversaires politiques  dans chaque département ou circonscription électorale.

Et, à l’instar des scrutins précédents, il triomphera sans gloire, au soir du 31 juillet prochain. Cependant, peu importe le caractère abject, immonde, nauséabond de l’instrument dont il a fait usage pour triompher de ses adversaires. Chez le président Sall, l’ambition personnelle ayant toujours force de loi, la fin doit donc impérativement justifier les moyens.

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