Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Benno: «Le scrutin législatif va coûter 16 milliards de francs»

Politique

Ces législatives sont parties pour être les élections les plus chères de l’histoire politique du Sénégal.

 Walf Quotidien:Sur votre page facebook, vous parlez de carnage financier relativement au coût des législatives. C’est-à-dire ?

Moustapha Diakhaté: Oui, c’est un vrai carnage financier, c’est un massacre des deniers publics, c’est inadmissible. A la limite c’est du n’importe quoi. On avait prévu environ cinq à six milliards pour l’organisation du scrutin, on ira jusqu’à seize milliards.  Le scrutin va coûter 16 milliards de francs. C’est inacceptable. C’est de la fantaisie. Certains disent que la démocratie n’a pas de prix, mais elle  un coût. Moi je dis que c’est le prix du désordre. A mon avis, il n y a pas 47 offres parlementaires, il n’y a pas 47 programmes. Manifestement, les gens sont préoccupés par leur sort individuel : accéder à l’Assemblée qu’ils critiquent d’ailleurs tous les jours pour bénéficier des avantages que leur confère le statut de député. On sera obligé d’imprimer des centaines de millions de bulletins de vote, des dizaines de millions d’enveloppes et d’autres documents électoraux. Alors que, au bout du compte, quelque rares coalitions seront présentes à l’Assemblée nationale, c’est un gâchis.

Nous sommes à quarante-cinq jours du scrutin, êtes-vous optimiste ?

Moustapha Diakhaté: Pour ce qui est de notre victoire, il n y a pas de doute. D’abord notre bilan est éloquent, ensuite les perspectives que nous proposons n’ont rien à voir avec les élucubrations de l’opposition. En plus, non seulement l’opposition sans programme et sans capitaine mais elle a éclaté en mille morceaux. Même si elle était unie on allait la battre à fortiori. Evidemment, nous allons nous mobiliser et faire une campagne électorale explicative de ce que nous avons fait depuis 2012, des perspectives  que nous proposons et des enjeux d’une majorité pour la coalition présidentielle. Parce que l’enjeu principal c’est que les Sénégalais ont élu Macky Sall président de la République, mais pour qu’il puisse gouverner, il lui faut nécessairement avoir une majorité.

En tant que président du groupe parlementaire de la majorité, quel langage allez-vous tenir au peuple si l’on sait que beaucoup de gens décrient l’Assemblée nationale ?

Ceux qui dénoncent le fonctionnement de l’Assemblée nationale lui donnent des attributs qu’elle n’a pas. D’abord, je rappelle que nous sommes dans un régime présidentiel. C’est le président de la République qui définit la politique de la Nation. L’Assemblée nationale ne met même pas en œuvre la politique de la Nation. Son rôle est de légiférer et contrôler l’action gouvernementale. Pour ce qui concerne le vote des lois, il n’y a pas de problème, elle le fait bien. S’il y a des critiques, c’est au niveau du contrôle de l’action du gouvernement et cela n’est pas lié au député en tant que tel. Depuis 1962, l’Assemblée ne s’est pas acquittée de cette mission parce qu’elle n’en a pas les moyens.

Ah bon ?

Vous savez qu’un ministre ne peut pas avoir des compétences sur 111 domaines, alors que le député intervient dans 100 domaines de compétences. Quel est le député qui peut maitriser tout cela ? C’est l’Assemblée qui doit être outillée et dotée de ressources humaines de qualité qui permettent aux députés de s’acquitter de leurs missions en tant que parlementaires mais aussi à l’Assemblée de ses missions institutionnelles. C’est le défi qu’il faut relever. Malheureusement, depuis toujours les gouvernements successifs n’ont pas outillé l’Assemblée nationale pour qu’elle s’acquitte de ses missions. Un ministre dispose de conseillers, des compétences de haute facture qui l’aident dans son travail. C’est vers cela que nous devons aller au lieu de dire que les députés ne font pas leur travail. Ils n’en ont pas les moyens. C’est pour cela que nous avions proposé une cellule d’accompagnement de l’Assemblée nationale et des parlementaires qui regrouperaient des cadres de haut niveau qui vont accompagner les députés individuellement et collectivement. Donc, la réponse c’est de changer de paradigme.

Walf Quotidien

 

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