PRESSIONS ET MIMETISME? QUE NENNI !!!

Contribution

Dr Massirin Savané

Depuis 3 mois le Sénégal, au pas, ne vit qu’au rythme des communiqués journaliers du MSAS. Dès l’apparition des premiers cas, au début du mois de mars 2020, l’Etat du Sénégal, contrairement à la France, a pris des mesures drastiques allant jusqu’à renoncer au rapatriement de ses étudiants coincés en Chine; l’histoire lui a aujourd’hui donné raison car les pays qui ont rapatrié leurs ressortissants, en commençant par l’Algérie et l’Afrique du Sud en Afrique sont les plus touchés.

Pendant ce temps le Championnat de football et les Coupes d’Europe se poursuivaient en France ainsi que des marches (08 mars) et de grandes messes religieuses. Ainsi, affirmer que le Sénégal copie la gestion de la pandémie sur la France est inexact mais l’aurait-il fait que nous aurions pu le mettre sur une approche universaliste de la science face à un virus encore largement inconnu; pour preuve, contrairement au Sénégal, la France n’a toujours pas imposé lle port obligatoire du masque.

Au Sénégal, la lutte contre la covid-19 est complètement différente de ce qui se passe en France aussi bien dans son approche que dans l’application des protocoles. Pourquoi diantre certains africains ont toujours tendance à penser que nos scientifiques et nos dirigeants ne peuvent réfléchir que par et pour la France? N’y a-t-il pas là aussi un complexe d’infériorité à déceler?

L’Etat a-t-il cédé aux pressions?

Dans les mesures édictées, le confinement total, mesure jugée la plus efficace dans cette situation, fut exclu d’emblée car la majorité des ménages sénégalais dépendent du travail journalier des scteurs de l’informel.

L’Etat a donc permis aux acteurs économiques de travailler pour subvenir à leurs besoins tout en soutenant les ménages et les entreprises du pays par un Plan de Résilience Economique et Social (PRES) de 1000 milliards de FCFA. La circulation entre régions fut soumise à autorisation pour circonscrire le virus dans les zones où il est apparu par surprise. Les lieux de cultes sont fermés et l’accès aux marchés fut réglementé.

Il faut signaler que ces mesures ont eu un impact réel sur la propagation de la maladie par le tarissement de la contamination par cas importé tandis que les contaminations de nouvelles régions ne le furent que par la transgression des mesures administratives par quelques récalcitrants.

Mais ni l’Etat, ni les ménages, encore moins les entreprises ne pouvaient tenir cette situation pendant longtemps. Quelques explications suffisent à expliquer le semblant de volte face étatiques; une entreprise, même ponctuellement soutenue, ne peut pas continuer à payer des employés à ne rien faire; en suite un budget de l’Etat ce sont des entrées et des sorties. Certains profanes arrivent à croire que les ressources du budget sont dans les coffres de l’Etat; que nenni; il faut que l’économie tourne pour faire des rentrées d’argent par des taxes et impôts.

Si le pays ne se remet pas au travail, l’Etat ne pourra plus soutenir les entreprises et les ménages et mieux ne pourrait plus payer ses salariés et faire face à ses engagements internationaux donc il était impératif de réajuster.

Certains se demandent pourquoi alléger quand il y a plus de malades et de morts; la bonne question serait de se demander plutôt quel serait le bilan si ces mesures n’avaient pas été prises au début de la pandémie.

L’ouverture encadrée des lieux de cultes résulte d’un discernement à saluer en ce sens qu’un Etat ne gagne en rien au maintien d’un flou artistique entretenu par certains autour d’un bras de fer imaginaire avec des pans importants de ses communautés.

La logique voudrait que les musulmans comprennent que toutes les mesures prises vont dans le sens de la préservation de leur santé. Le covid-19 tue et personne ne pourra continuer à défier perpétuellement la mort. A termes, les attitudes de défiance risquent même de mettre à mal les rapports de certains marabouts et de leurs talibés.

Autant les autorités Administratives prennent des Arrêtés et des circulaires pour préciser le sens des décisions étatiques, autant les chefs religieux ont la latitude de faire des recommandations à leurs fidèles; tout cela doit tout de même rester sous le coup des lois et règlements du pays car, sous prétexte de vouloir exercer sa foi, on ne doit pas mettre en danger la vie des autres. Je crois que le Chef de l’Etat a été bien conseillé de mettre les fidèles et les citoyens devant leurs responsabilités.

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